A l'image des autres films du même réalisateur, Bronson, Walhallah rising, nous voilà face à un objet étonnant, entre complainte funèbre d'une mort annoncée ( désirée ? ) et éclairs de violence insoutenables... Winfning Refn nous sert un plat au départ acidulé sous des lumières roses eighties ( générique ) et une BO inoubliable électro-vintage. Influence de Michael MANN manifeste dans les couleurs choisies, bleues saturées...La musique est superbe, élégante, mélange de sons 80's et de samplings plus actuels et sert à merveille cette chanson de geste moderne. Un héros Ryan Gosling, mutique à souhait ( chevalier au blason/blouson orné d'un scorpion de feu, symbole de la nature profonde d'un animal qu'on ne change pas car quoique il fasse, il piquera à un moment ou à un autre s'il se sent menacé ) cascadeur et conducteur magnifique s'attache sans le vouloir vraiment à une histoire d'amour chaste et platonique avec sa voisine, gentille blonde souvent dans les ennuis...Ca démarre comme un fabliau moyenâgeux dans lequel Il manque le rival.Il arrive, il revient même puisqu'il sort de prison, mais c'est un mari finalement tolérant et sympathique et conscient du mal qu'il a fait à son épouse et à son gamin que nous voyons poser ses valises dans son foyer.. Le silencieux Gosling s'efface humblement alors jusqu’à ce que ... Le destin ne lâchera pas l'ex taulard, il le sait , il le sent... Encore un dernier casse à faire pour payer ses dettes contractées en taule en échange de sa "protection"
Fiers ou désabusés, les "mauvais" humains prisonniers d'un destin qui les obligera à perpétrer erreurs sur erreurs font se retrouver face au chevalier, défenseur de "la veuve et de l'orphelin". Ryan Gosling, flegmatique va devenir ou re-devenir un ange exterminateur... La violence extrême et très graphique de la seconde partie du film laissera des traces sur tous les spectateurs qui s'attendaient à une douce mélopée mécanique sous stéroïdes. Bref, tout est réuni pour faire de ce film une tragédie sans espoir même si la fin peut paraître ouverte... La ballade sera mélancolique et violente dans le monde des marginaux et des gangsters embourgeoisés de Los Angeles... Tous les acteurs sont superbes de subtilité et de complexité, cela renforcé par des dialogues plus que rares donc des interprétations et des psychologies restant ouvertes. Pour une fois les poncifs américains du bien et du mal sont mis de côté et ne reste qu'une histoire simple de héros minimaliste au mauvais endroit et au mauvais moment, qui va jusqu'au bout de sa logique détachée de tous aspects moraux... L'aspect silencieux, taiseux et détaché voire pratiquement inexpressif du jeu de Ryan Gosling, cure-dents éternellement vissé à la bouche dans son rôle, laisse apparaitre une similitude troublante avec le rôle qu'interprétait Delon magnétique et muet lui aussi ou quasi dans le "Samouraï" de Melville, mâtiné d'une violence crue digne des meilleurs Scorcese époque DeNiro... La première moitié du film ressemble à une quasi bluette sur fond de virtuosité automobile, pleine de silences signifiants, jusqu'au tournant du film, un casse qui se passe très mal avec le mari en victime expiatoire... La seconde partie, plus funèbre et réellement violente parsemée de touches picturales rouges ou bleues ne laisse aucun doute sur la nature des hommes en présence... Pas un reculera , pas un ne cédera la place, la mort seule les départagera....Bref, un choc esthétique et sonore dont on garde longtemps encore après le goût amer et froid dans la bouche. A ne rater sous aucuns prétextes...

Prosper666

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