Du Sang Dans le Pop Corn

Massacre au Drive In est un tout petit film écrit en une semaine et tourné en quatre jours pour ce qu'il convient d’appeler un proto-slasher. Il est en effet question ici d'un tueur à l'arme blanche qui s'attaque essentiellement à des couples qui batifolent dans leur voiture au lieu de regarder le film. Si le film est très inégal, il s'en dégage au final une relative mais sincère sympathie.

Le film nous raconte donc l'histoire d'un drive in victime d'un tueur en série utilisant un sabre afin de commettre ses crimes. Deux flics locaux se retrouvent chargés de l'enquête et tentent tant bien que mal de confondre l'assassin.

La première séquence de Massacre au Drive In avec une décapitation et un coup de lame dans la gorge est d'une redoutable efficacité avec deux meurtres très violents et ultra graphique rehaussés par des effets spéciaux à l'ancienne baignant dans un rouge sang flamboyant. On se dit que ça commence super bien puis entre en scène les deux flics du film à la troublante ressemblance;, ils sont aussi bedonnant l'un que l'autre, aussi peu charismatiques et à peu près aussi nerveux qu'un Derrick sous Lexomil. Alors l'enquête consiste essentiellement à interroger les deux trois personnages du film dans de très long tunnels de dialogues pas bien palpitants mais fort heureusement soutenus par des comédiens pas trop mauvais pour ce type de production fauchée. Comme le film s'est tourné sans syndicat d'acteurs et afin d'éviter les amendes, pratiquement tout le casting joue sous pseudonymes et l'on retrouve à l'écran pour des rôles plus ou moins important les trois scénaristes du film avec John F Goff qui incarne l'un des deux flics, Georges Buck Flower qui incarne un forcené et le réalisateur Stu Segall qui incarne le capitaine de Police. Le film s'articule donc sur une rythmique étrange avec des meurtres coincés entre de longues scènes de dialogues et d'interrogatoire donnant au final la sensation d'un film assez bavard. Nos deux bons gros flicounets auront beau essayer de jouer à good cop / bad cop, éprouver leur cardio dans une séquence de course poursuite ou se travestir en femme pour infiltrer le drive in sous couverture ils semblent toujours aussi patauds et empotés dans leurs investigations. Histoire de brouiller les pistes et d'offrir une séquence un peu plus musclé le film nous balance une séquence de chasse à l'homme dans un entrepôt avec nos deux flics à l'agilité de panda traquant un psychopathe geignard en pensant qu'il s’agît du fameux tueur qui menace pour le coup de buter une gamine. On avance ainsi dans un boitement permanent jusqu'à un final assez étonnant qui laisse le sentiment étrange que les scénaristes eux même ne savaient pas vraiment comment terminer leur film...

Massacre au Drive-In est à la fois très court (moins de 75 minutes) et très long. Le film n'est pas très aidé par une bande originale faites de morceaux bizarres et peu agréables et un rythme fait de courte montée d’adrénaline et d'interminables faux plats narratifs qui ressemblent à s'y méprendre à du pur remplissage. Il reste l'aspect fauché et attendrissant d'un film sans doute calibré pour être projeté dans la cadre de son propre décor laissant planer sur les spectateurs le doute et l'angoisse de voir débarquer un tueur muni d'un sabre dans une tentative bancale de mise en abîme.

On va rester magnanime et considérer avec indulgence que pour ses deux trois meurtres graphiquement séduisants et son ambiance bon enfant, Massacre au Drive-In mérite un petit coup d’œil rapide. Après si d'aventures vous regardiez le film en couple dans votre voiture, je comprendrais que vous préféreriez batifoler un peu … mais a vos risques et périls.