Du côté de Robinson
6.9
Du côté de Robinson

Moyen-métrage de Jean Eustache (1964)

1963. Paris. La place Clichy, Montmartre, Pigalle... Sous l'influence de la Nouvelle Vague, Jean Eustache promène sa caméra dans les rues et les cafés de la capitale où œuvrent deux pathétiques losers en chasse à la "souris". Abordant une jeune femme dans la rue, ils l'invitent dans un dancing où elle se voit invitée par un inconnu à esquisser quelques pas de danse. Blessés par la situation, les deux hommes se vengent lamentablement.

D'une modernité effarante, Du Côté De Robinson dissèque en moins de 40 minutes la petitesse humaine dans toute sa médiocrité. En accostant cette jeune "souris", mariée et mère de deux enfants qui souhaitent simplement passer un bon moment dans un dancing pour oublier, durant quelques instants, ses soucis quotidiens, les deux "chats de gouttière" s'égarent dans leur combine d'approche où se reflète leur propre insignifiance. La traque est vaine mais les têtes restent hautes, malgré leur aveu à être "deux pourris".

Après l'inachevé La Soirée, Jean Eustache filme avec compassion ces deux êtres ridicules qui hantent, toujours et encore, nos rues et nos campagnes et offre un premier moyen-métrage aussi abouti dans sa forme que pertinent dans son fond. On y discerne bien évidemment les influences de Godard et de Rohmer et l'on se laisse emporter par les virevoltants mouvements de caméra où Paris devient un personnage à part entière, terrain de chasse idéal pour deux losers pas loin d'être magnifiques.

candygirl_
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes films / BD & DVD, Films visionnés en 2024 et Films visionnés - Avril 2024

Créée

le 26 avr. 2024

Critique lue 15 fois

3 j'aime

candygirl_

Écrit par

Critique lue 15 fois

3

Du même critique

Saint Ange
candygirl_
6

La sentinelle des meurtris

19 ans après sa sortie, Saint Ange reste un film mal aimé dans notre pays. Considéré à tort comme un pur film d'horreur, il n'est ni plus ni moins qu'un macabre conte fantastique puisant ses racines...

le 5 sept. 2023

9 j'aime

3

Gérard Depardieu : la chute de l’ogre
candygirl_
3

... ou la lâcheté d'un milieu artistique

De "l'affaire Depardieu", pourtant omniprésente dans les médias et sur les réseaux, je n'étais au courant que des diverses plaintes pour viol et agressions sexuelles et je n'avais découvert qu'un...

le 4 janv. 2024

8 j'aime

6

Les Diables
candygirl_
9

Conte de la folie ordinaire

Quelle claque ! L’œuvre est démente, stupéfiante, étouffante et l'on en sort fourbu, épuisé par tant d'hystérie. Basé sur la pièce éponyme créée par John Whiting et le livre Les Diables De Loudun...

le 2 nov. 2023

8 j'aime

9