Mine de rien, et en seulement deux films, Pascal Rabaté a su imposer son style, modeste mais attachant au cinéma français, notamment à travers trois caractéristiques : un sens du cadre et du décor clairement inspiré de Jacques Tati, un scénario touchant et délicat et surtout des personnages ô combien sympathiques. Il y ajoute ici une pincée de social en prenant bien compte de la société d'aujourd'hui, sans jamais se montrer moralisateur ou démago un seul instant. Ce qui l'intéresse, lui, c'est l'humain, et en particulier les « losers », à l'image du héros interprété par l'impeccable Sami Bouajila, voire de la charmante Christine (adorable Isabelle Carré). A travers leur relation, mais aussi toutes les sous-intrigues qui enrichissent le récit, on sent l'attachement du réalisateur à un cinéma proche des gens, accessible à tous sans perdre pour autant son identité ni la cohérence de son univers, le mélange des genres opéré fonctionnant finalement plutôt bien
(on pense même au western pour la dernière scène)
. Alors ça ne paye peut-être pas de mine, mais « Du goudron et des plumes » ressemble finalement à peu de titres vus ces dernières années : c'est frais, parfois surprenant et en définitive vraiment attachant : un joli film.