Du coq à l'âne

Poelvoorde l'a dit lui même: l'idée de base du film est chouette, mais l'auteur n'a pas vraiment su développer cette idée lors de l'écriture pour faire fonctionner ce film. C'est quand même dommage que l'acteur ne fasse pas plus souvent preuve de cette lucidité par rapport aux projets auxquels il collabore.

La mise en scène est tellement pauvre en idée; ce n'est plus du cinéma mais bien un téléfilm qui nous est proposé : les lumières sont palôtes, grises, sans relief, les décors sont morts, le casting peu intéressant, les plans sont peu originaux, la mise en scène également, le tout est bien mou. En plus il y a cette horrible musique que les films à bons sentiments arborent fièrement depuis Amélie Poulain. C'était encore vrai dans le récent "émotifs anonymes" qui est à mon avis du même niveau que ce film ci. On retrouve même dans les deux films d'horribles passages musicaux. En fait non, les émotifs, c'est encore pire, parceque Poelvoorde y chante encore plus mal et les seconds rôles sentent davantage l'amateurisme; ici, même la gosse est plus ou moins convainquante. Pour en revenir à la séquence musicale, c'est extrêmement mal rythmé et les textes sont très pauvres. Le pire étant la fin du film : un arrêt sur image sur la tronche à Poelvoorde, un peu à la 400 coups.

Le scénario est assez décousu, tout part dans tous les sens : l'intrigue est simpliste, mais l'auteur a voulu trop en montrer et résultat tout s'enchaîne sans queue ni tête, et rien ne relie solidement cet amas de scènes. L'auteur a également pris le risque de partir d'un fait incohérent (du jour au lendemain tout bascule sans aucune raison), ce qui est difficilement gérable, mais surtout il commet l'erreur de terminer le film sur la même idée, promouvant ainsi le deus ex machina comme étant la pire chose à faire (au moins le film sert à ça). Les dialogues ne sont vraiment pas chaud bouillon (pour ne pas dire molasson), et l'humour reste quasi absent du film ; Poelvoorde n'a que peu de place pour faire de l'impro (mais bon ça c'est peut être une bonne chose?), par contre le personnage du chef m'aura fait sou(s-)rire une ou deux fois.

Bref, Du jour au lendemain se laisse regarder mais non sans soupirer. Pire, il agace par moment par ses facilités (hop on lance le piano quand tout va mal). Le seul bonheur que m'a procuré le film est le choix de Constance Dollé pour un second rôle (quasi inutile) : elle est belle à croquer et en plus elle ressemble à ma dermatologue. Hélas, la caméra parvient même à ternir ses traits. Dommage.