Comédien discret passé rapidement à la mise en scène, pour le meilleur ("Friday Night Lights") comme pour le pire ("Battleship"), Peter Berg peut cependant se vanter d'afficher une certaine cohérence dans sa filmo, sorte de radiographie des grandes figures de l'Amérique, qu'il s'agisse des sacro-saints liens d'amitié et de mariage ("Very bad things"), du football ("Friday..."), des super-héros ("Hancock") ou encore de sa puissance militaire ("Le royaume"), leur donnant un visage humain ou les détournant carrément par le biais de la farce ou de la comédie grinçante.

Tiré d'un fait réel, "Lone survivor" ne prétend à aucun moment dénoncer quoique ce soit et s'apparenterait d'avantage à un "Saving Private Ryan" ou à un "Black Hawk Down" dans son hommage à des hommes et des femmes sacrifiant leur vie tous les jours non pas par amour pour la liberté ou la patrie (quoique, quand même un peu) mais par ce que c'est tout simplement leur boulot.

Pendant deux heures, Peter Berg nous colle aux basques de personnages qu'il aime profondément et va s'attacher à rendre leur calvaire le plus palpable, le plus viscéral possible, donnant lieu à des séquences pyrotechniques incroyables et immersives, où les coups reçus font franchement mal, les plus mortels n'étant d'ailleurs pas toujours infligés par un ennemi à la caractérisation frôlant le zéro absolu (en même temps c'est pas le sujet) mais bien par Dame Nature elle-même, comme pour rappeler à ces bidasses qu'ils auront beau être surarmés et surentraînés, ils ne sont que des poils de derche entre ses griffes.

Doté d'un casting impeccable (plus il prend de la bouteille et plus Marky Mark assure) et d'une mise en scène percutante, "Lone survivor" reste cependant anecdotique et basique, prévisible, et charge inutilement la mule au niveau de l'émotion, forcée et frôlant parfois le burnout (cyniques s'abstenir) mais n'est en aucun cas la propagande militariste vue par certains esprits adeptes des amalgames qui les arrangent et joue au contraire avec efficacité sur la parano typiquement ricaine des "barbus", mettant en lumière le combat des afghans face à la menace terroriste, le survivant du titre (pas de spoil, on le sait dès les premières minutes) devant sa survie à son humanisme.

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le 17 juin 2014

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le 17 juin 2014

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Gand-Alf

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