C'est très mauvais. Le film est tellement boursouflé d'erreurs qu'on se demande par moment si le sabotage n'est pas volontaire.
Le principal problème est qu'on assiste à la cohabitation impossible de deux mondes: d'un côté le grand spectacle à gros budget, de l'autre l'univers malade de Lynch. Il reste quelques traces du dernier, comme le fœtus de l'espace sous bocal ou la main de Paul dans la boîte de la Bene Gesserit, mais tout est tellement mal traité que le résultat est au mieux générique, au pire ridicule.
Le manichéisme parodique des Harkonnens en est le parfait exemple. Leur unidimensionnalité risible pourrait avoir du sens, si l'on remet en perspective l'humour souvent malaisant de Lynch. Mais la direction d'acteurs est tellement mal gérée, qu'on se retrouve avec des méchants nanardesques.
Le film est en roue libre totale, et couplé à l'immondice visuelle des effets spéciaux ingénus de la honte qu'ils arborent, donne davantage un navet au rythme chaotique qu'un nanard en bonne et due forme, car malgré quelques bonnes tranches de rire, c'est tout de même l'ennui et la douleur qui prédominent au visionnage. Douleur que l'on peut s'épargner sans crainte, puisqu'à la vue de l'exclusivité des dialogues explicatifs (et les chuchotements pour exprimer les pensées des personnages, sérieusement ?), le film avoue ne servir à rien en tant qu'objet filmique.
Sans oublier la musique insupportable de Toto. Et il paraît que Brian Eno a participé au massacre. Difficile d'y croire, mais c'est ce que dit le générique.