J'ai eu beaucoup de mal à rester dans la salle jusqu'à la fin du film. L'usage en boucle de scènes de violences à la limite du soutenable récupérées sur Youtube et livrées sans contexte, comme une forme d'alibi revendiqué par le réalisateur exilé à Paris alors que son pays este échiné par la guerre civile. Je n'ai trouvé le film supportable qu'à partir du moment ou Eau Argentée, la jeune blogueuse fait irruption avec ses images, elle n'est pas dans la posture, elle est dans la survie mais jamais elle ne montre l"horreur. Le plan du chat mutilé est l'image qui me reste avec celle des fleurs qui pousse dans les décombres d'une ville détruite. La puissance du hors champ nous mène alors au coeur de la tragédie qui se joue en Syrie. Simav, Eau Argentée est du côté de la vie, de celui des enfants pour lesquels elle ouvre une école de fortune dans les ruines de sa ville. Ossama, lui ne peut que ressasser sa culpabilité de ne pas être retourné dans son pays au lendemain d'une invitation pour Cannes et nous afflige par son incapacité à trouver la bonne distance avec le propos, alors qu'elle trouve instinctivement le plan juste, le cadre juste générant une temporalité qui donne naissance au film.
DorisButtignol
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le 14 déc. 2014

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