On est bien chez Burton, car on a notre lot de personnages marginaux.
Du voyant qui avoue lui-même qu'il est un imposteur, au catcheur qui est autant fait pour le cinéma que moi pour la natation synchronisée, de l'acteur homo qui cherche à sa faire opérer, à l'actrice has been avant l'heure parce que confinée à son rôle de vampire d'opérette, sans oublier le réalisateur qui aime à se travestir en femme et la star déchue morphinomane, le tableau est assez coquet.
Mais Wood et aussi en marge du système, avec ses méthodes bien à lui, et sa volonté de réussir même si tout semble souffler en vent contraire.
Burton ne peut que se reconnaître dans ce mec singulier, à l'enthousiasme communicatif, qui ne baisse que rarement les bras, alors que tous les voyants sont au rouge pour lui dire d'arrêter. Porter par un esprit vif, il nous amène avec lui dans ce biopic fantasmé mais tellement vivifiant. Il est l'antidote à l'esprit négatif.
Burton se concentre sur l'aspect cinéma de la vie de Wood, laissant quasiment tomber la vie privée, sauf à de rares occasions, lorsque, par exemple, il doit assumer face à ses compagnes ses habitudes un poil extravagantes.
Il va s'inventer une famille de substitution, portée par un pater familia de circonstance, en la personne de Bela Lugosi (exceptionnel Martin Landau), et s'inventer des frères et soeurs de coeur plus attachants que ceux issus de liens familiaux.
Et surtout, il nous décortique une industrie du cinéma qui est capable de faire cohabiter grosse industrie et films plus confidentiels. Et nous prouve que l'enthousiasme est souvent le moteur des rêves.