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Une compréhension intime et profonde d'un artiste maudit

Tourné en 16mm pour la télévision norvégienne, ce film de Peter Watkins est certainement l’un des plus réussis et intéressants consacrés à un peintre et à l’histoire de l’art en général. Le réalisateur anglais retrace la jeunesse d’Edvard Munch (1863-1944,) depuis son enfance à Oslo, où il voit sa mère et l’une de ses soeurs mourir de tuberculose, jusqu’à ses pérégrinations à travers l’Europe où son génie précurseur ne rencontre que le mépris et l’hostilité. A 22 ans, dans sa ville natale de Kristiana, Munch (on prononce Munk!) fréquente un cercle d’artistes non-conformistes contempteurs de la morale et de l’ordre établi réunis autour de l’écrivain anarchiste Hans Jaeger et peint ses premières oeuvres décriées par la critique bourgeoise. D’une grande richesse thématique, le film de Watkins se présente comme une sorte de documentaire fiction dans lequel différents protagonistes témoignent face caméra comme si le cinéaste avait effectivement pu se projeter au XIXe siècle pour recueillir ces témoignages.
Watkins, artiste lui aussi incompris et décrié, semble s’identifier au peintre norvégien dans ce kaléidoscope d’images qui s’entrechoquent, se complètent et se répondent, avec une série de plans qui reviennent de façon obsessionnelle: l’agonie de la jeune sœur, le sang sur les linges, mais aussi les rares moments de bonheur auprès de Mme Heiber, le grand amour contrarié de Munch. Des images qui transcrivent à l’écran le difficile processus de création du peintre qui reprend inlassablement ses tableaux pour transcrire sur la toile ses douloureuses expériences personnelles. Grand admirateur de cette oeuvre inclassable, Ingmar Bergman parlait à son propos de "travail de génie". Le maître suédois a certainement dû inspirer un peu le cinéaste anglais qui maîtrise magnifiquement l’art du gros plan sur les visages de ses comédiens, tous des amateurs choisis pour leur ressemblance avec les personnages historiques. Il en résulte une impression troublante de proximité, d’immersion dans le monde réel ou fantasmé de l’artiste et une compréhension intime et profonde de son œuvre.

SteinerEric
8
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le 29 août 2020

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Eric Steiner

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