André Dussollier, Jacques Villeret, Thierry Lhermitte, Suzanne Flon + Jean Becker = mélodrame humain

"Effroyables jardins". De Jean Becker (fils de Jacques), assistant réalisateur sur "Touchez pas au grisbi", "Le trou"..., scénariste et réalisateur de "Tendre voyou" avec Bébel, "L'été meurtrier", "Elisa" avec Vanessa Paradis et "Un crime au paradis" avec Villeret, notamment. A mitonné "Dialogue avec mon jardinier" avec Daniel Auteuil et "La tête en friche" avec Depardieu dernièrement. "Effroyables jardins" est tiré du roman éponyme de Michel Quint, connu de par son adaptation au ciné. Les trois scénaristes qui se sont ainsi succédés sont Sébastien Japrisot (écrivain de "Un long dimanche de fiançailles" et de "L'été meurtrier"), Jean Cosmos (les scénarii de "Capitaine Conan" de Tavernier et de "Agents secrets" de Frédéric Schoendoerffer, c'est lui !) et Guillaume Laurant (scénariste fétiche de Jean-Pierre Jeunet : "La cité des enfants perdus", "Alien 4", "Amélie Poulain"...). Synopsis : le fils d'un instituteur ne supporte plus de voir son père se ridiculiser en public dans son costume de clown. Le meilleur ami de ce père raconte, au travers d'une rencontre fortuite, le jour où tout a basculé. Jean Becker tisse un mélo sans jamais tomber dans le pathos pour nous conter cette histoire dramatique pleine d'humilité et d'humanité. Lorsque l'on ressort du film, ce sont les sentiments qui nous prennent aux tripes : on se sent touché au plus profond de notre âme avec des sentiments et un ressenti indescriptibles. Il n'existe pas un mot pour résumer "Effroyables jardins" mais plusieurs : magique, valorisant-dévalorisant, film qui fait chaud au coeur, bien être, ... et j'en passe. On passe de la joie à la tristesse (du rire aux larmes pour rester dans l'expression), des zygomatiques mouchants au pathos (sans jamais y tomber !!, rappelons le) avec une telle sincérité que l'on prend notre pied à s'humaniser au contact de ce drame intense où le jugement est l'anti-valeur même du sujet prôné par "Effroyables jardins". Ce film ne juge pas, il est la quintescence même du drame social sous fond de comédie. Jean Becker l'a si bien compris qu'il nous convie, au travers de la Seconde Guerre Mondiale, aux affres de la résistance. En celà, "Effroyables jardins", bien qu'il soit le premier film français à montrer l'envers du décor de la résistance française face à l'ennemi, fait coup double et dénonce l'absurdité de la guerre à travers un exemple frappant, celui du clown nazi qui amuse les otages français. Chapeau (... ou pas de chapeau, d'ailleurs !!) Jean !!! Tous les acteurs concourent à la réussite de "Effroyables jardins" : Dussolier (qui fait partie de la trempe des Noiret, Lonsdale, Montand, Moreau... je trouve et que j'affectionne, de ce fait, tout particulièrement), Villeret (ah ! ici, il montrait encore, tout en nuances, son jeu, sa prestance, son charisme ..., son talent inégalé de passer du drame à la comédie comme il le montrait si bien dans "Le dîner de cons"), Thierry Lhermitte (parfait dans un rôle qui lui colle à la peau), Magimel (comme toujours, juste, il est dans ses cordes, et on prend un malin plaisir de le reconnaître, et de le retrouver !), Isabelle Candelier (sublime, elle se pose entre tous ces monstres sacrés. On l'a vu dans "Coma" de Granier-Deferre fils et "Mademoiselle" de Lioret notamment) ainsi que la regrettée Suzanne Flon (toujours juste et posée, elle vole la vedette à la cadette Candelier je trouve. Césarisée dans "L'été meurtrier", elle a aussi jouée pour Orson Welles dans "Dossier secret" et "Le procès", Verneuil et son "Singe en hiver", Pinoteau et son "Silencieux", "Les enfants du paradis" (toujours de Becker fils) et "La fleur du mal" de Chabrol parmi d'autres.). La bande-son (de Zbigniew Preisner, compositeur de Louis Malle sur "Fatale", des "Trois couleurs" de Kieslowski, et du "Secret" de Miller dernièrement), douce, calme et entrainante, colle parfaitement à l'esthétique du film, ce qui a pour effet de nous faire rentrer de plein fouet dans "Effroyables jardins". Spectateurs, voici un film qui vous fera chavirer ! Capitaines pour un jour (Villeret, Dussolier, Flon, Magimel...), capitaines pour toujours !!

brunodinah
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le 28 févr. 2019

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