Audiard réalisateur, c’est Audiard qui met en scène ses mots. Or les mots ne peuvent à eux seuls faire un film. C’est le principal reproche qu’on peut faire à ce film qui essaie d’aller à l’essentiel dans son déroulement (1h16 au total) mais qui est trop souvent noyé dans son incessant verbiage même si celui-ci sait être parfois efficace (on est chez Audiard quand même !). Cependant, il ne fait pas toujours mouche et on sent, bien souvent, la recherche absolue du bon mot au-delà du simple dialogue utile dans l’intrigue.
L’intrigue est, par ailleurs, plutôt mal fagotée. Longue à se mettre en place, elle est ensuite redondante et simpliste jusqu’à une résolution plutôt décevante. Le problème est que tout ici est un prétexte à servir les textes. Le film est plutôt sauvé par sa formidable brochette d’acteurs (Blier est toujours aussi impayable) que par ses dialogues et ses situations saugrenues (même si les acteurs sont parfois sous-exploités, à l’image d’une Annie Girardot qu’on voit finalement assez peu). Cela n’empêche pas quelques sourires mais c’est bien paresseux.
On reconnaitra cependant le côté libertaire, l’esprit anar et contestataire de l’ensemble. Pas mal de filles à poil au motif que Blier est un obsédé, la mise en scène de plusieurs Paris, une promenade sociale et une vision somme toute pessimiste de l’être humain qui est toujours, peu importe son rang, un potentiel « salopard » en puissance. Témoignage aussi d’une époque en pleine évolution, le film fait passer un moment mais il déçoit à la vue des noms sur l’affiche.