Chute libre, sans chute.

Ce n’est pas grave de faire du cinéma au premier degré mais quand on a rien à dire ça devient gênant. Le film oppose un psychopathe qui aurait “peté les plombs” suite à son divorce et une jeune mère en instance de divorce, au bout d’un tout petit rouleau. Tout bascule lors d’un coup de klaxon au feu rouge. Partant de ce pitch de ticket de métro un cinéaste avec du talent pourrait faire quelque chose…
Dans cette ligne temporelle, vous trouverez une réalisation d’école, avec gros plan sur tous les éléments qui vous seront rendus dans quelques minutes: “maman tu ne met pas de code sur ton portable?” “Non pourquoi ?”. 10 minutes plus tard vous verrez trois plans serrés sur le dit portable abandonné dans la voiture pour aller payer l’essence… je vous laisse imaginer la suite… Oh non ! En fait le film vous l’expliquera quand même à nouveau.
De toute façon le scénario ne tient qu’au fait que la protagoniste appelle les flics toujours trop tard.
Toute les scènes d’action, de poursuites et de meurtres seront respectivement, sans impact, beaucoup trop intenses (le body count des victimes de la routes est tristement et gratuitement élevé et ce ne sera pas toujours de la faute de Russel) et d’une violence sans aucun style (planter une fourchette dans la nuque ne suffit pas à rendre un film subversif).
Les personnages de ce thriller tranquille lévitent plusieurs mettre à côté de leur pompe. Russel n’est pas nul mais la caméra et l’écriture le mettent toujours la ou on l’attend après nous avoir prévenu qu’il allait arriver. En fait ce personnage tente de se la jouer William Foster dans Chute Libre: ce psychopathe qui traverse juste la ville avec un fusil à pompe pour violer une injonction d’éloignement de son ex femme et de son fils qu’il a probablement battus auparavant. Dans enragée il est juste méchant parce que les “femmes sont toutes les mêmes” fin de la citation et fin de l’écriture du personnage qui ira jusqu’au bout du film pour faire passer une vraie mauvaise journée à Rachel. De toute façon il a déjà tué sa famille au début du film…

Rachel est juste paumée et un peu lâche (sans conséquences le tueur ne s’intéressera finalement pas à cette pauvre Deborah jeté sous le train au nom de l’amour maternelle), elle n’a rien de plus à dire que “j’aurai peut être du m’excuser” quand un mec chelou est venu lui dire plutôt courtoisement que c’est pas sympa de klaxonner comme ça après s’être lui même excuser d’avoir traîner au feu rouge: c’est la dernière scène du film qui le dit hein! C’est pas moi qui le pense ça, je me serai probablement fait poursuivre aussi.
Mais bon quand la morale du film c’est qu’il faut pas klaxonner au feu rouge au risque de réveiller les pulsions virilistes des membres de l’association des papas divorcés ça devient un peu douteux. Par contre j’ai bien retenu qu’il fallait mettre un code sur mon téléphone portable afin éviter d’aller chercher mon frère au service des grands brûlés et de chercher en catastrophe un nouvel avocat pour mon divorce.

Ah oui ! Un dernier truc à l’intention du réalisateur : mettre une reprise dégueu de Don’t fear the reaper en générique de fin d’un film avec un tueur qui fait chier avec un téléphone portable, c’est avouer à la toute dernière minute que vous l’avez plus que raté votre slasher, et c’est quand même con parce que sans ça j’aurai pas cherché à comprendre, j’aurai juste oublié…