Production d'action à la française, j'avoue qu'il faisait partie de mes regrets pour 2015. C'est tout d'abord le doute qui s'est emparé de moi au visionnage, le film s'ouvrant sur un générique digne d'un giallo très glam et d'objets appartenant visiblement aux braqueurs. Si l'idée est visiblement de faire hommage à l'ancêtre italien (rabid dogs), l'introduction de tels éléments ne fonctionne pas vraiment avec le climat et les ambitions du film. C'est davantage un effet de style ajouté pour faire du cachet (et donc plaisir au cinéphile) plutôt que pour servir le scénario (personnellement, le fait de voir que le genre ne retient du cinéma italien que le giallo parce qu'il est facile à reproduire (des éclairages fantaisistes et des gros plans fétichistes, hop je fais du cinéma !). Quand ce style improbable se superpose à une américanisation du contexte (les immeubles filmés en vue de dessus, décor très américains visiblement tourné au canada), on se dit déjà que le style ne sait pas trop où il va. Ca part donc moyen et malheureusement ça ne s'arrange pas vraiment.


Le film essaye les moments de bravoure à plusieurs reprises (le braquage qui rate, le parking...) mais il y a toujours le petit détail qui diminue l'impact et désamorce finalement l'effet (un mouvement de caméra cheap, un accéléré visible...). Les braqueurs en font d'ailleurs toujours des tonnes, avec des dialogues badass qui nous ramènent en droite ligne à Frontière(s). Seul Lambert Wilson essaye de rattraper le coup et encore, c'est peine perdue. On peut regretter dès lors que le film mette autant de soin à planter une ambiance électrique avec ses éclairages alors que ça merde déjà dans la direction des acteurs. Surtout qu'à propos de Lambert Wilson, on grille immédiatement quel sera l'élément de thriller qui accompagne son personnage. C'est évident, et justement, on attend la révélation et de voir comment le groupe va y réagir. Résultat : c'est le twist du film. Le twist. Qu'on a deviné à la 30ème minute. C'est donc assez lassant de ne pas être surpris, surtout que question tension, le rythme est toujours en dent de scie, se reposant la plupart du temps sur "pourquoi on s'arrête ? Faut pas se faire repérer surtout".


On a quand même un peu envie d'y croire, au genre français, mais les enrobages de styles ont ici du mal à cacher l'absence de virtuosité d'écriture et la lourdeur du casting qui n'inspire ni la peur ni la tension une fois la cavale amorcée.

Voracinéphile
4
Écrit par

Créée

le 30 janv. 2016

Critique lue 872 fois

7 j'aime

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 872 fois

7

D'autres avis sur Enragés

Enragés
Fritz_the_Cat
4

Balle perdue

Avouons-le, l’œil cinéphile plein de honte : je n'ai jamais vu le film original signé Mario Bava, Cani arrabati (aka Rabid Dogs). La déception relatée ici est donc celle d'un spectateur profane, ce...

le 7 oct. 2015

12 j'aime

5

Enragés
Matrick82
6

Boires et déboires d'un cinéphile 2: le retour !

J'ai pas vu l'original donc je pars sur un point de vue neutre. A savoir que ce film est une jolie tentative Française de faire du film d'exploit'. Grosso merdo ce film raconte la descente en enfer...

le 23 sept. 2015

12 j'aime

17

Enragés
Black-Night
8

Critique de Enragés par Black-Night

Enragés est un très bon film. Un polar sous haute tension brillant sur pas mal de points. Prenant et captivant de bout en bout, intriguant et intense. Présenté en Séance Spéciale du Cinéma de la...

le 5 oct. 2015

9 j'aime

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

99 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36