Si tu veux la paix...

(Cette critique peut comporter quelques légers spoils, soyez vigilants, arme à la main)

Il s'agit du troisième film de la trilogie The Equalizer réalisé encore et toujours par Antoine Fuqua qui réussit sans problème à égaliser (voir surpasser) son concurrent depuis une dizaine d'année, John Wick.

En effet, 5 ans après la sortie de The Equalizer 2, Robert Maccall (avec deux-c deux-l), interprété par l'excellent Denzel Washington, refait surface pour ce qui semblerait être une ultime castagne avant une mise à la retraite bien méritée.

Un scénario classique déjà utilisé maintes fois (Red, John Wick, Night and Day,...) mais qui pourtant se démarque ici par une approche tout à fait intime et psychologique du personnage. Cette bascule mentale est l'élément principal de sa fin de carrière. En pleine remise en cause de sa vie, lorsqu'on lui demande s'il est quelqu'un de bien ou de méchant, Maccall répond "Je ne sais pas." : à quoi bon mener une vie de justicier si elle est établie dans un bain de sang. Et c'est d'ailleurs dès le début du film qu'Antoine Fuqua se permet d'imposer un craquage total du personnage qui, juste après s'être pris une balle dans le dos par un enfant, pointe sur sa tempe son arme, le visage vide au regard ébourrifé. C'est alors qu'on ne mystifie plus le héros, on assume ses faiblesses et annonce la prise de conscience qui sera présente tout du long.

À la différence d'un John Wick à la peau pare-balles, l'ancien employé d'Home Mart est ébranlable, âgé et a besoins de temps pour se remettre de ses blessures (vous me direz 3 semaines c'est très court, mais lui même le dit : "I'm strong"), comme on peut le voir dans l'(in)habile scène des escaliers.

The Equalizer 3 c'est aussi une mise en scène spectaculaire et des scènes d'actions splendides fidèles aux 2 premiers opus. Le film commence en effet par un magnifique traveling mortuaire qui nous emmène au fur et à mesure, cadavres après cadavres, dans les abysses de la villa, menant à ce qui semblerait être les enfers. Oui seulement si j'avais été à la place du narco-vignoble, j'aurais préféré les enfers...

Et si l'on parle de violence pure, c'est tout aussi remarquable, l'Action semble être un des rare genre qui est en constante amélioration et qui brasse sans cesse de galons au fil du temps, notamment grâce à la qualité des effets spéciaux acquise. On retrouve ici des scènes de combats très réalistes, à la limite du gore, ou l'on ne se prive plus de montrer les couteaux qui tranchent, les haches qui coupent et les tisonniers qui transpercent. Pour l'homme à la montre, les échauffourées sont rapides et efficaces, la minutie est reine et les morts sont lentes, douloureuses ou immédiates (selon l'humeur...). Le style chorégraphique s'apparente fortement à celui de The raid, un combat rapproché ou l'expérience, l'instinct et la précision sont maîtres.

Je me permettrai aussi de parler du thème musical du métrage qui est tout simplement grandiose, une sorte de trou noir sonore qui nous absorbe et nous projette dans l'écran, un son strident remarquable qui est utilisé à bon escient dans un film de Denzel qui propose tout de même beaucoup de calme.

Un feu d'artifice de violence confronté à la tranquillité des paysages du sud de l'Italie, le tout accompagné d'une introspection profonde du personnage qui conclut en beauté la trilogie The Equalizer.

Je parle de "trilogie" dans ma critique car c'est pour ce genre de film que je ressens le besoins d'une réapparition du mot "FIN", pour graver à jamais dans nos souvenirs l'existence d'un personnage qui est d'un seul temps et d'une seule histoire.

Ma note : 8,5