Rosa vit dans un quartier populaire du vieux Marseille.

Pleine d'énergie, elle s'engage politiquement pour être tête de liste aux prochaines élections municipales. C'est le sort des plus modestes qui la préoccupe. Sa retraite approche mais elle est toujours infirmière à l'hôpital. Régulièrement elle réunit sa famille (deux fils, leur chérie respective, son frère et sa très jeune colocataire, ses deux petits enfants) autour du plat familial : les pâtes aux anchois et à l'aïl (beurcke) ou pour une escapade à la plage. Parfois elle rêve de son père adoré qui l'emmenait sur sa moto et surtout, elle fait la connaissance d'Henri, retraité rêveur, mélancolique, souriant et cultivé (forcément, c'est Jean-Pierre Darroussin) qui chamboule tout, lui rend son coeur d'artichaut d'adolescente et l'élan joyeux et amoureux de sa jeunesse.

Tout Guédiguian est là et c'est toujours un bonheur de retrouver sa troupe de fidèles qui s'élargit chaque fois de nouveaux venus. Normal, place aux jeunes pour ces désormais septuagénaires qui jouent encore les sex"y"génaires. Mais en voulant rendre un hommage tendre et sincère aux victimes de l'effondrement de deux immeubles de la rue d'Aubagne en 2018, il me semble que le réalisateur oublie un peu de faire un film et j'ai vu cet Et la fête continue ! comme une parenthèse intermédiaire en attendant le prochain.

Alors oui tout est là et on voit que Guédiguian est toujours en pétard mais il égrène mollement toutes ses colères et insatisfactions qui vont de l'insalubrité des logements qui finissent pas s'effondrer, la gauche désunie, l'école et l'hôpital à l'abandon (la tirade de l'infirmière "depuis le covid ça fait deux ans qu'on est sur le pont" est plutôt maladroite et mal jouée), le génocide arménien, l'agression des arméniens dans le Haut-Karabakh et j'en oublie peut-être. Et au milieu de ce catalogue de la mochitude du monde il y a l'entraide, la solidarité, les repas partagés, la famille (mais j'imagine mal me mêler ainsi de la vie personnelle d'enfants adultes comme ils le font dans ce film) et l'amour bien sûr. Et la musique aussi. Aux accents arméniens dès qu'il s'agit des compositions de Michel Petrossian, mais aussi populaire avec le "Emmenez-moi" de Charles Aznavour laborieusement repris par une chorale, et encore Schubert et, étrangement le thème du "Mépris" de Georges Delerue (et Godard...).

Alors évidemment c'est tendre et ensoleillé mais un peu laborieux. Ariane Ascaride (un peu donneuse de leçons, un peu comme d'habitude) est toujours filmée avec tout l'amour du monde et la troupe tout autour d'elle virevolte avec bienveillance et enthousiasme. OK.

N.B. : Une fois de plus, je n'ai pas les mots pour dire à quel point Grégoire Leprince Ringuet est un magnifique acteur que les réalisateurs devraient s'arracher.

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le 16 nov. 2023

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