Et pourquoi pas ?
Et pourquoi pas ?

Court-métrage de Nicolas Fay et Blanche Pinon (2016)

Un film lamentable empli de transphobie crasse.

Un film lamentable empli de transphobie crasse.
Présenté comme une réflexion sur le genre et l'amour moderne, le résultat est extrêmement gênant et violent pour une personne concernée. Petit résumé des trucs qui craignent:


Virginie a rendez vous avec Léonore, un amour passé. En l'attendant, elle discute avec Léonard. De fil en aiguille celui-ci s'avérera être Léonore. Bla bla bla, ils finiront par reprendre leur relation amoureuse.


Après avoir appris que son ancienne amie est à présent un homme trans, Virginie vomit de choc et de dégoût. (hyper sympa, on apprécie d'être un sujet de dégoût)


Focus ensuite sur les parties génitales (c'est le plus important, n'est ce pas?) Léonard dit qu'il "pisse debout". Miracle, grâce "aux opérations" il est donc un homme à part entière, avec un bite, car c'est bien cela qui définit un homme, non?
Les parties génitales des personnes trans sont un objet de fascination pour les personnes cis (non-trans). Quelque soit votre degré d'intimité, il apparaît essentiel de connaître le contenu de la culotte de la personne trans. Avez vous idée d'à quel point ces questions sont mal placées? Posez vous régulièrement ces questions à des inconnus, des collègues, des proches? Vous est il possible de vous écarter de ces fascinations malsaines?
Les parties génitales des personnes trans ne regardent qu'eux, leurs partenaires amoureux, et éventuellement leurs médecins si cela est le sujet de la consultation.


A la question "mais pourquoi as tu fait ça?" Léonard répond que c'était uniquement pour gagner à nouveau son amour, puisque Virginie l'avait quitté. Au final, non, Virginie l'avait quitté car "il ne lui a jamais dit je t'aime". C'est con, hein, tout ça pour ça?
Sérieusement? Vous pensez vraiment que les gens s'emmerdent à transitionner pour reconquérir une partenaire amoureuse? Le coût social de la transition (à quel point mes proches et ma famille vont couper les ponts, ou me faire sentir pendant des années que je suis une erreur de la nature et qu'ils sont bien gentils de m'adresser la parole? Ou peut être qu'au fil du temps, avec un peu de chance, je vais être aimer et respecter tel que je suis?), Est ce que je vais perdre mon boulot? A quel point je vais galérer pour en retrouver un? La galère pour chercher un colis à la poste ou tout autre acte administratif quand ta tronche ne correspond pas au sexe de ta carte d'identité? Le parcours médical éreintant et infantilisant, devoir performer ce que les psychiatres attendent de toi afin, d'un jour peut être obtenir ce qui te fera te sentir un peu mieux dans ta vie? Les violences médicales qui vont avec? L'insécurité, est ce que je vais me faire taper dessus ou assassiner parce que j'ai l'air d'une femme trop masculine ou d'un homme trop féminin? Les années passées à avoir une santé mentale de merde parce que tu te détestes et que quoi que tu fasses, tout est fait pour que t'en chie, et la joie quand quelqu'un t'accorde une miette de respect parce que t'as plus l'habitude?
Alors certes, les parcours sont différents, et il y a des surprises, et de l'amour, et du soutien, et des belles choses et puis finalement voir le bout du tunnel (même si tu vas devoir payer très cher pendant des années voir toute ta vie, juste parce que tu avais le choix entre faire ça et te suicider/passer à côté de ta vie).


Ce n'est même pas la liste de tous les moments gênants de ce film.


Donc: on arrête de fantasmer les vies des gens et de les présenter comme une expérience exotique pour hétéros aventureux.
Si possible: bosser avec les personnes que vous voulez représenter, en les payant et en leur donnant du crédit. Ou mieux: ne rien faire quand on est cis et si possible leur donner l'opportunité de raconter leurs propres histoires.


Après, difficile d'ignorer que ces questions n'ont même pas traversé la tête de Blanche Pinon et Nicolas Fay. Le but étant de produire une nouvelle platitude absolue, de surtout pas réfléchir car ça pique et puis l'art doit être libre, et enfin de s'offrir un bon coup de fantasme fétichisant sous une couche de vernis pseudo-intellectuel afin de se conforter dans son ouverture d'esprit.


Conclusion finale: Pourquoi passer toutes ces heures à produire quelquechose d'aussi médiocre quand on peut s'en abstenir? Il y a tant de choses à faire dans la vie, comme faire la sieste, aller à la piscine, ramasser des champignons, préparer une bonne tarte aux pommes pour ses amis, réparer son vélo soi-même, donner son argent à des assos, lutter contre l'optimisation fiscale des plus riches, s'employer à détruire le capitalisme et le patriarcat.

Foulard
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Créée

le 19 sept. 2020

Critique lue 115 fois

Foulard

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