Evangelion 2.0 : You Can (Not) Advance par Ninesisters
Plusieurs choses me viennent à l'esprit quand je pense à ce 2.0. La première, c'est que le 1.0 m'apparait – à la vue de ce nouveau film – comme une transition à destination des fans, afin qu'ils puissent passer sans encombre de la version d'origine à Rebuild of Evangelion.
Dans Rebuild of Evangelion 1.0 – You are [not] alone, que voyons-nous ? Une grande partie du story-board d'origine a été conservé, de nombreuses scènes sont des copies conformes (mais réalisées avec les techniques modernes), les passages inédits se retrouvent intercalés au milieu de moments bien connus des fans. Cela peut ressembler à une solution de facilité, mais finalement, je me demande s'il ne s'agit pas tout simplement d'un moyen pour Hideaki Anno de faire doucement glisser son public vers la nouveauté proposée par sa nouvelle version, sans que celle-ci paraisse trop brutale.
Une fois que les fans se sont bien habitué à l'insertion d'un scénario inédit, l'auteur peut se lâcher : nous obtenons alors Rebuild of Evangelion 2.0 – You can [not] advance. Cela ne signifie absolument pas que cette suite ne contient que de l'inédit, mais nous noterons une réutilisation bien moins forte du story-board de Neon Genesis Evangelion, à l'image d'un film plus tourné vers la nouveauté.
Hideaki Anno est un petit malin ; il est surtout parfaitement conscient de ce qui plait tant aux amateurs d'animation japonaises dans sa série. Et ils leur donnent ce qu'ils réclament. Alors qu'il s'adonne à une refonte du scénario, il prend bien soin de garder certains passages spécifiques, afin de leur donner encore plus d'impact. La réalisation des combats contre les Anges gagne une puissance encore plus prodigieuse qu'à l'origine, encore plus épique, encore plus jouissive (j'en ai pourri mon slip), encore plus OVER THE TOP, encore plus THUNDER KICK, encore plus tout ! Tout simplement.
Mais Hideaki Anno sait aussi, selon les moments, se jouer des attentes, corrompre le mythe, et détourner à son avantage des scènes cultes pour un résultat à la fois déconcertant pour les fans mais terriblement réussi. Il suffit de voir la nouvelle version de la discussion entre Rei et Asuka dans l'ascenseur pour s'en persuader. Et que dire du fameux « coup de la canette » qui a réussi à faire rire aux éclats toute la salle ?
L'auteur distille avec malice de nouveaux indices, des modifications parfois subtiles, sans pour autant oublier de se pencher sur ses personnages, sur leurs histoires, leurs liens, et leurs quotidiens. Et dans les catégories « quotidien » et « nouveauté », j'annonce que je suis encore plus fan de Rei Ayanami qu'avant, ce qui représente un énorme exploit.
Comme pour tous les animes, impossible de ne pas évoquer la qualité purement technique de Rebuild of Evangelion 2.0 – You can [not] advance. Elle se montre à la hauteur du reste de ce film : géniallissime ! C'est beau, ça poutre, les nouveaux designs sont excellents – rah, chaque nouvelle apparition d'un Ange est un plaisir visuel à nul autre pareil – la réalisation m'a littéralement enfoncé dans mon fauteuil.
Evangelion est une licence absolument énorme, un monstre sacré de l'animation japonaise, et le budget (ainsi que le temps consacré à ce film) est visiblement à la hauteur de la folie du projet. Comme quoi, pour faire un anime d'exception, il faut des idées, des professionnels, du temps, et de l'argent. Rien de bien compliqué.
Rebuild of Evangelion 2.0 – You can [not] advance réussit un pari presque impossible : faire oublier (au moins pendant 2 heures) l'existence de Neon Genesis Evangelion. Nombreux étaient ceux qui craignaient que cette nouvelle monture ne se montre pas digne du mythe (moi le premier), mais force est de constater que les deux premiers films de Rebuild of Evangelion comptent parmi ce qui se fait de meilleur en matière d'animation japonaise. Non, il s'agit carrément d'œuvres exceptionnelles, hors du commun, inimaginables, fantastiques,... IKU !!!!!!!!!!!!