Du simple biopic au prétexte pour admirer l'Everest en 3D

Film classifié Aventure / Drame / Catastrophe, Everest est sorti le 23 Octobre 2015 après un teasing de plusieurs mois et la révélation d'un casting pour le moins sympathique composé de Jason Clarke (rôle de Rob Hall), de Jake Gyllenhaal ou encore de Keira Knightley, et retenant Baltasar Kormakur comme réalisateur (qui est déjà à l'origine de Survivre en 2013 ou de Crime City en 2005).
Revenant sur l'histoire vraie de Rob Hall et son groupe lors de leur ascension catastrophique de l'Everest en 1996 au début de l'âge d'or du tourisme d'alpinisme, le film s'annonçait comme une grosse production sur fond de catastrophe naturelle comme on en voit beaucoup ces dernières années, à coup d'image de synthèse, de suspense stérile et d'histoires sentimentales: on pense par exemple San Andreas (2015) qui reçoit la palme dans le domaine, 2012 (en 2009) ou encore Black Storm (2014).


Le début du film se présente de façon plutôt classique du genre avec des paysages dépaysant et vertigineux, un horizon des personnages et une mise en situation rapide de la place de chacun: le couple et sa compagne enceinte, l'américain conquérant, le petit homme qui cherche à se dépasser, le journaliste en quête d'un article juteux, le jeune inconscient en quête de réponses et surtout le passionné idéaliste. Mais la narration n'ira pas plus loin dans le rôle de ces différents personnages. Ils sont relégués à de simple exemplaire humain, une sorte de panel de situations et d'émotions offertes au spectateur pour lui permettre de s'identifier tout au moins mais aussi bien mettre en avant que l'idée générale du film est ailleurs. Ce n'est pas les hommes et leur action spectaculaires que Baltasar Kormakur veut mettre en scène, mais les hommes face à la montagne. C'est là toute la problématique du film qui est en fait un véritable dytique entre les modestes actions des fourmis face à la majesté et la beauté de l'Everest, immense et implacable. La plus grande montagne du monde qui se laisse saisir dans toute sa splendeur par le biais d'images de synthèse qui rendent ce grand sommet accessible à tous. Notons cependant qu'une fois encore la 3D proposé en cinéma est inutile voire superflue.
La vraie histoire du film n'est donc pas dans les petits détails de la personnalité de ses "héros", souvent passés sous silence ou volontairement laissée floue par la production, mais dans l'image du petit défiant le géant, ce n'est pas Rob Hall qui gravit la montagne, c'est avant tout un homme. C'est une affaire de dépassement de soi face à la puissance inégalable de la nature sauvage, majestueuse et froide.
Cependant le film ne tombe pas dans l’action pour l’action, sourde et spectaculaire. Ce dernier point étant déjà largement emplit par le cadre, le réalisateur a pris le parti d’un rythme plus lent. La narration prend son temps et nous délivre une expérience plus juste que ce que signifie vraiment gravir le plus haut sommet du monde. Le spectateur ne va pas seulement gravir des pentes, braver le froid et ignorer la fatigue, bien avant cela il va suivre le rite initiatique, la formation et les semaines d’attentes qui précèdent une ascension. Après avoir rêvé quelques minutes face aux panoramas grandioses, on découvre les risques, les dangers, les souffrances, les sacrifices que font ceux qui tentent d’atteindre le sommet. Cet entraînement, qui couvre tout de même les trois quarts du film, prépare les spectateurs à une apothéose qui sonne finalement plus que décevante. Après tant de préparation et de montée en haleine, l’ascension qui s’annonçait catastrophique et épique gagne en fadeur : tout ce qui devait arriver arrive sans suspense, les morts s’enchaînent avec une discrétion froide et le seul instant d’action (scène avec l’hélicoptère) même si inspiré de fait réels sonne presque faux. Seul le contraste saisissant mit plusieurs fois en avant entre l’attente des familles en Amérique dans un calme d’autant plus assourdissant que de l’autre côté du monde la tempête fait rage, offre une réelle conscience de la violence de l’expérience que les alpinistes traversent.


Everest est film qui reste finalement assez pudique au niveau des effets catastrophes et qui réussit à faire passer son message sans en faire trop mais en exploitant intelligemment l’image de synthèse pour rendre sa splendeur au grand sommet. Cependant la fin reste assez décevante, peut-être trop rapidement traité finalement mais tout à fait concordante aux choix narratifs et au rythme du film qui lui permettent tout de même de sortir du lot. Un film à voir… mais pas à revoir.

lily_bena
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le 17 avr. 2016

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