Everything Everywhere All At Once (EEAAT) est un film tellement complexe qu'on peut autant cracher dessus que l'adorer et je dois avouer qu'au premier visionnage, j'ai fait partie de la 1ère catégorie de spectateurs, avant que le film ne révèle vraiment l'étendue de la critique du monde contemporain dans lequel nous vivons actuellement. Ce film m'a tant ému qu'il fallait que je partage avec vous mes interprétations des différents thèmes évoqués dans ce film.


Pour commencer, ma première expérience de la première moitié du film était vraiment horrible - scène de famille assez classique avec Evelyn (Michelle Yeoh), Waymond (Ke Huy Quan) et Joy (Stéphanie Hsu) qui virevoltent avec leurs problèmes, qui ne s'écoutent pas, absorbés dans leurs propres mondes ; le sentiment de frustration chez les personnages nous prend (en tant que spectateurs) aussi très rapidement et on se dit que que ça va être long, loooong

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Ensuite, une sorte de tourbillon d'effets spéciaux et de combats qui n'ont ni queue ni tête, avec un pseudo fond de film d'espionnage, d'action et de science-fiction, entrecoupés d'univers parallèles (à la Rick et Morty ou encore The one de James Wong) ;

On a l'impression que les réalisateurs ont voulu tout foncer dans un seul film, comme-ci c'était leur dernier long métrage et que 'quitte à faire une daube, autant mettre tous les ingrédients qui nous tombent sous la main' : des mains en forme de saucisse, Joy qui se bat avec des godemichets, des mecs qui se mettent des objets dans le cul pour se battre, un remake de Ratatouille complètement pété', et j'en passe...

Je me suis honnêtement demandé dans quoi je m'étais embarqué et me suis demandé "mais comment diantre ce film imbuvable, voué au kitsch et à l'écriture qui part dans tous les sens, a-t-il bien pu obtenir un Oscar?"

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Et puis, à partir du 2ème chapitre "Everywhere", un glissement qui s'opère et qui commence à nous rapprocher des personnages et aux 'réels' conflits qui animent chacun des protagonistes. Nous découvrons Evelyn, mère de Joy qui fait face à plusieurs conflits intérieur, de par la maltraitance de son père qui l'a abandonné, de l'angoisse qu'elle ressent d'avoir peut-être gâchée sa vie en se mariant avec le premier venu plutôt que d'avoir vraiment réalisée ses rêves et d'avoir projetée ses frustrations sur sa fille avec qui, elle n'a plus que des rapports conflictuels.

Joy est complètement perdue dans sa vie - elle n'a pas poursuivie ses études universitaires, a cette impression que rien n'a d'importance, est dépressive et tantôt suicidaire, que la seule personne qui lui apporte du réconfort (sa petite amie Becky) n'est pas accepté ni par sa mère et encore moins par son grand-père.

Waymond, quant à lui, veut le divorce car il sent d'une part qu'il ne peut plus vivre dans cet environnement néfaste où sa femme ne l'aime pas et ne le respecte pas et d'autre part, qu'il doit aussi poursuivre son chemin pour retrouver un sentiment de bonheur.


Post à toute cette cacophonie scénaristique et visuelle initiale, tous ces conflits prenant place dans un univers complètement déjanté, ont commencé à faire sens à mes yeux ; C'est à ce moment que j'ai trouvé que ce film prenait une dimension universelle et très contemporaine de ce qui nous animent en tant qu'individus dans un monde tout aussi dément.

Nous avons tous (ou peut-être pas) eu ce sentiment d'être dans une relation qui nous étouffait, qui n'était pas ce qu'on avait espéré, du doute constant d'avoir fait le bon choix dans nos vies - d'être dans l'impression que tout est sous notre contrôle alors que nous ne maitrisons rien. D'avoir une aversion profonde pour le monde qui nous entoure, de la technologie qui nous apporte tellement d'informations que nous sommes complètement perdus et impuissants face aux changements et qu'il semble de plus en plus facile de céder à la colère et/ou au nihilisme, plutôt que de prendre le temps de comprendre, de pardonner et d'aimer son prochain et c'est précisément à ces thématiques que EEAAT s'adresse.


Ce WTF de scènes qui vont trop vite avec pleins de VFX qui ne font aucun sens sont pour moi, un prétexte pour retranscrire justement cet amas de technologie qui nous entoure et qui évolue tellement rapidement que nous n'avons pas toujours le temps de prendre du recul nécessaire sur le fond et sur soi ; nous sommes tellement exposés, voire absorbés par les profils d'autres personnes, par les possibilités multiples de ce que nous pourrions être, que nous oublions parfois notre propre valeur dans une course effrénée de statut et de reconnaissance universelle.

Bon, je dis 'nous' car je me sens concerné et que j'imagine, en tant qu'humain, que je ne suis pas le seul dans cet état d'esprit.


Ce film parle également des conflits générationnels et de doctrines toxiques (voire religieuses ou encore homophobes) qu'Evelyn affronte afin de conserver sa famille ; elle va au-delà des traditions misogynes pour faire face à son père et assumer que sa fille est lesbienne, ce qui en réalité, est une des choses les plus durs à accomplir pour ceux issues de familles très conservateurs.


Ce film est un millefeuille de sujets et je pourrai développer encore sur pleins d'autres choses, telle que le suicide, la dépression, la représentation du néant (le fameux Bagel) et bien d'autres thèmes puissants..


J'ai vraiment adoré ce film. Il m'a agréablement surpris car je ne savais vraiment pas comment le prendre au départ mais son évolution m'a conquis en tant que spectateur, comme-ci j'avais découvert une pépite d'or dans une poubelle et rien que pour l'expérience filmique, je le recommande vivement, n'en déplaise à d'autres critiques plus 'pointus' en cinéma.

J'espère que EEAAT vous mettra une claque comme elle me l'a mise, en vous poussant à réfléchir au-delà de ce qui est montré et sur ce qui est traité réellement dans le fond.

(*´◡`​*)

Olivier_Languila
10

Créée

le 10 avr. 2023

Critique lue 16 fois

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