eXistenZ
6.7
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Film de David Cronenberg (1999)

Finalement l'affiche est assez représentative du film.

Je n'avais pourtant aucun apriori sur ce film, intéressé par son pitch et conforté par les notes de mes éclaireurs je m'attendais même à être satisfait, mais honnêtement qui peut bien éprouvé un quelconque plaisir en regardant ce truc ?


J'ai passé tout le film à me facepalmer de désespoir devant la nullité de ce qui m'était servit à l'écran. Malgré un casting prometteur, tous les acteurs surjouent à donf et ne sont jamais crédibles. Oui j'ai bien dit tous les acteurs même ce cher Jude Law que la gente féminine apprécie davantage pour sa musculature et son visage de BG séducteur plutôt que pour son jeu ridicule et dénué de subtilité. Je vous l'accorde, lui coller la voix de Robert Pattinson en version française n'arrange pas les choses, mais la VF bien que médiocre n'est en aucun cas responsable de ses expressions faciales excessives qui ne sonnent jamais justes et il en va de même pour l'ensemble des comédiens de ce film.


En plus d'avoir des acteurs de merde, leurs personnages en eux même ne rattrapent pas leurs piètres performances. Jude Law est l'archétype du jeune gars chétif un peu froussard et méfiant vis à vis de la technologie qui passe son temps à dire "Oulalala chuis pas rassurééé". A l'opposé, sa partenaire à l'écran est une férue voire une junkie des univers vidéo-ludiques. Elle a conçue Existenz et ne désire que deux choses, y retourner dès qu'elle a une seconde de libre et convaincre Jude que la réalité c'est trop mainstream alors que le monde virtuelle c'est bien plus cool. La confrontation entre ces deux personnages bien que très caricaturaux auraient pu donner d'intéressants débats permettant d'approfondir la vision de chaque camp sur la question du jeux-vidéo, de ses dangers comme ses bons côtés. Malheureusement tout ceci est très mal exploité. Cronenberg ne faisant que laisser ses protagonistes parloter pendant des heures pour répéter inlassablement les mêmes choses, toujours avec des dialogues risibles et mal écrits qui à aucun moment ne nous semble pertinent d'un côté comme de l'autre. Concernant les autres personnages, ils sont avant tout conçus comme des pions permettant d'aider ou de mettre en difficulté nos héros, ils n'ont donc pas vocation à être développé donc inutile de s'attarder dessus.


Enfin l'avancement du scénario n'a vraiment ni queue ni tête. Toutes les péripéties que vivent nos protagonistes sont si invraisemblables et ridicules qu'ils nous aient impossible de prendre ça au sérieux et de se sentir concerné par ce qui leur arrive une seule seconde. A peine pouvons nous rigoler bêtement devant le ridicule des séquences qui s'enchaînent.


Vous comprenez maintenant mieux pourquoi mon visionnage de Existenz fut si pénible. Mais, mais, mais, MAIS ....Je vous vois venir fieffés coquins. Vous allez me rétorquer que tous les défauts que je lui reproche sont totalement volontaires. En effet, en fin de récit nous apprenons qu'en fait nous étions dans un jeu vidéo depuis le départ, où chaque personnage n'était qu'un joueur tentant de jouer un rôle du mieux qu'il le pouvait. Ce qui explique le piètre jeu des comédiens, les moments grotesques du long-métrage ou le cliché des personnages. Car ce que nous avons vu n'était pas la réalité, mais un simple jeu vidéo.
Bon je vous l'avoue quand j'ai vu le truc arrivait j'ai trouvé l'idée assez sympathique, avant de m’apercevoir que c'était en fait complètement stupide. Ah c'est sûr qu'en terme de twist c'est cohérent avec le reste du film et ça plaira sûrement à Kevin, 14 ans du deuxième rang entrain de bouffer ses M&ns et de boire son Coca, mais est ce que cela rend le film meilleur ? Bien sûr que non.


Que Cronenberg fasse exprès de rendre son film merdique soit, mais ça ne le rend pas meilleur pour autant. Comment voulez vous vous sentir impliqué émotionnellement durant 1h36 si tout ce que vous voyez à l'écran est si grossier et nanardesque. On ne ressent rien, aucun attachement pour ces personnages clichés, ridicules et insupportables, aucune tension dans ce film où les enjeux sont constamment désamorcés par le ridicule des événements. C'est impossible de kiffer ce film au premier degré. La seule manière de l'apprécier est de le regarder au second degré en se moquant de ses innombrables défauts, mais même en le visionnant sous cet angle, Existenz n'en devient pas un bon divertissement car il se prend trop au sérieux et est excessivement lent. Tout avance à 2 à l'heure dans ce long-métrage ce qui rend le récit chiant et le film encore plus désagréable.


Après je comprend les intentions de Cronenberg. Le bonhomme voulait créer un univers étrange et décalé tout en l'encrant suffisamment dans la réalité pour qu'on se sente concerné par l'histoire et qu'on soit toujours en doute sur ce que nous croyons réel ou non dans le long-métrage. Cependant le mélange des tonalités ne fonctionne pas du tout. Car en étant trop décalé pour que son spectateur puisse entrer dans le récit tout en étant trop premier degré pour qu'il puisse apprécier ça comme une oeuvre délirante et nanardesque, ce dernier ne sera jamais réceptif à ce que le metteur en scène essaye de lui faire ressentir et regardera le film d'un air détaché et dédaigneux.


Par grand chose d'autres sur quoi disserter. La mise en scène est digne d'un téléfilm au rabais Made in France 4, l'univers se voulant glauque et gore apparaît aujourd'hui comme étant plus kitsch et grossier qu'autre chose et Cronenberg ne parvient jamais à instaurer une quelconque atmosphère à son histoire. Et ce n'est pas les quelques thèmes de Howard Shore, recyclés de ses autres compositions et disséminés au hasard dans le film qui me feront dire le contraire.
En définitif, le seul intérêt que je veux bien reconnaître à Existenz, c'est son propos.


Car au delà de tout ce que j'ai pu évoquer, le film traite en effet de notre rapport avec le jeu vidéo ou plus globalement de la technologie en générale. A travers le personnage de Allegra, il fait le portrait d'une génération de joueurs non satisfaits de leur existence réelle et souhaitant s'évader dans un monde bien plus riche où ils pourront vivre des aventures bien plus trépidantes, alors que paradoxalement le monde dans lequel ils sont plongés est un endroit glauque et sinistre où l'on ne respire pas la joie de vivre. Un monde où chaque joueur doit abandonner toute notion de libre arbitre et se laisser porter par un scénario pré-écrit contre lequel ils ne peuvent pas résister. Fuyant ainsi l’oppression du monde réel contre celui du monde virtuelle, ou la seule différence est que là-bas ils pourront avoir un rôle différent et vivre des événements bien éloignés de leur train train quotidien tout en ayant l'impression de les vivre réellement.
Cette passion dévorante n'est pas sans danger. Car à force de concevoir des mondes toujours plus réalistes, le gamer finit par avoir du mal à définir ce qu'est la réalité ou le virtuel, pouvant ainsi se laisser dépasser par la machine jusqu'à perdre son identité au profit d'une autre que lui a attribué le jeu, étant de ce fait prisonnier de la technologie qu'il a lui même créer.


Je trouve le fond intéressant car même si ce n'est pas le premier ou le meilleur film à aborder la peur de l'homme face à la technologie toujours plus imposante pouvant à terme prendre le pas sur lui, rare sont les films à s'attarder exclusivement sur le jeu vidéo. J'ai cependant quelques réserves sur les messages sous-jacents de l'oeuvre. Je trouve en effet le propos très critique et peu nuancé à l'égard du monde vidéo-ludique. On sent que le réalisateur donne entièrement raison à la vision de Jude Law et c'est fort dommage. Le sujet aurait vraiment mérité plus d'approfondissements et limiter cela à une réflexion quasi archaïque (le jeux vidéo......c'est dangereux !!!) n'est pas un choix des plus pertinents.


Quoi qu'il en soit, le fond n'excuse en rien la forme. Les défauts du long-métrage sont bel et bien présents et il serait de mauvaise fois de les balayer d'un revers de la main uniquement parce qu'on trouve que la réflexion en sous-texte est cool. J'aimerais donc que chaque personne ayant mit plus de 8 à ce film m'explique sincèrement la raison de leurs notes. Parce qu'avec toute la bonne volonté du monde, j'ai vraiment du mal à imaginer qu'on puisse adorer un film aussi grossier, nanardesque et chiant au premier degré. Sauf si vous l'avez découvert dans une salle de cinéma en 1999, à une époque où Matrix n'était pas encore sortit et où un film comme ça vous donner encore l'impression de voir quelque chose de magistrale dépassant l'entendement.....

AlfredTordu
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le 29 nov. 2015

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Alfred Tordu

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