Joyeux Noël à tous ! Vu que c'est la naissance du Christ, c'est le moment idéal pour revenir sur un film se déroulant durant cette fête.
J'avais l’embarras du choix en terme de films, mais je n'ai encore critiqué aucun Kubrick (car assez complexe à analyser). Je vais donc dire mon avis en une quinzaine de paragraphes sur son dernier film sorti peu de temps après sa mort : Eyes Wide Shut
A Noël, le couple Hardford qui se portait à merveille, commence à réfléchir sur la viabilité de leur relation quand Alice révèle à William qu'elle a déjà fantasmée sur un autre homme. Perturbé par la révélation de sa femme, le Dr. Hardford va errer dans New-York de nuit. En voulant voir ailleurs, il va tomber sur quelque chose de secret et dangereux.
Par quel angle attaquer d'abord cet œuvre ? Contrairement à ses précédentes réalisations (hors 2001), le film est très énigmatique. Je pourrai entendre l'argument qu'il est vain, prétentieux, complotiste, ou encore qu'il ne raconte rien. Mais du film se dégage une ambiance envoutante, un Noël au cinéma hors du commun.
Le film parle d'un couple à la dérive, ce qui était le cas de Tom Cruise et Nicole Kidman, qui malgré leur statut de couple superstar durant la décennie 1990, commençait à battre de l'aile pour se séparer en 2001. Le film étant sorti en 1999, il y a moyen qu'il leur a servi comme psychanalyse.
En parlant des acteurs, le film met surtout en avant Tom Cruise dans un New-York recomposé. Comme à son habitude, il est excellent dans son rôle. Pour ce qui est de son ex-femme, elle joue comme à son habitude, mal. Car j'ai un véritable souci avec Nicole Kidman, je pense que c'est avant tout un mannequin (que je ne trouve pas si belle que ça) qu'une actrice. Durant la scène où les personnages sont drogués, elle joue très mal la camée. Également, quand elle raconte son rêve à Cruise, son jeu est proche du nanar (pas aidée avec ce dialogue de Kubrick : "Everyone was fucking"). Mais elle est beaucoup moins présente que son ex, cela me convient.
Parlons maintenant de ce qu'on pense directement du film quand on en parle : l'orgie sectaire.
Ayant été recommandé par un ami à une fête masquée secrète dans laquelle il joue du piano les yeux bandés, Will va s'acheter un accoutrement et s'y rendre. Mais il ne s'attendait pas à être dans une fête d'élite, où tout le monde porte des masques vénitiens et font l'amour ensemble.
Comme souvent chez le cinéaste, ça fait polémique. Car durant des minutes, nous assistons à un spectacle érotique. Également, certains complotistes disent que Stanley Kubrick serait mort tué par ces dites élites pour avoir révélé leurs secrets. Compliqué de savoir ce que le réalisateur voulait réelement dire là-dessus puisque qu'il est mort à peine le premier montage terminé, c'est donc propre à chacun de se faire son interprétation.
Pour ce qui est de la réalisation, c'est du Kubrick, donc bien carré et réaliste. A noter que le New-York factice est bien visible, ce qui pourrait montrer que tout n'est que supercherie dans ce récit. Le réalisateur n'est pas très friand des décors studios, ce choix différent doit avoir du sens. Sinon, le film est rempli de couleurs, beaucoup plus que dans ses autres longs-métrages. Ces dites couleurs pourraient symboliser Noël, ou encore le côté factice, puisque la photographique est tout sauf réaliste. L’interprétation est réellement propre à chacun.
Kubrick était un perfectionniste, le métrage a été tourné durant 19 mois, ce qui rendra fou tout le monde sur le plateau, Tom Cruise le premier. Harvey Keitel, qui devait joué le rôle de Ziegler, a quitté le film à cause de son emploi du temps et s'est fait remplacé par Sydney Pollack. Kubrick était réelement prêt à tout pour faire la meilleure œuvre possible.
Par rapport à la fin, celle-ci est très étrange. En allant au magasin de jouets avec leur fille, après que leur couple soit rétabli, Alice dit à William que ce qu'il faut faire maintenant est de "baiser". Le sexe serait la seule chose qui garde l'amour ? Kubrick qui était nihiliste, aurait pu avoir ce propos. Le dernier mot cité dans sa filmographie est "Fuck", ce qui signifie pas mal de choses.
Je me doute que j'ai pas choisi le film le plus simple pour Noël, ou de Kubrick. Il peut y avoir pas mal d'approximations dans ma critique mais j'aurai fait de mon mieux. Je vous souhaites donc un joyeux Noël et une bonne année.