My Eyes Wide Open !

♫ Musique ♫

William Harford, médecin beau et brillant mène une vie paisible et rangée, près de sa femme, Alice et de leur fille de 7 ans. Le jeune couple bourgeois, se rend à une réception mondaine où l’un comme l’autre se lanceront dans le jeu de la séduction avec certains convives. Le lendemain soir, sous effet de marijuana, et afin de provoquer son époux, Alice lui avoue avoir eu le désir de le tromper quelques mois plus tôt, à cause d’un « simple regard », durant leurs vacances familiales.

Ébranlé par une telle confession, William commence peu à peu à être complètement obsédé par cette révélation, jusqu’à errer sans but dans les rues de New York et manquer de la tromper à son tour, à plusieurs reprises. Le hasard le conduit dans un bar de jazz où il retrouve un ami pianiste, qui lors de la conversation lui parle d’orgie raffinée et masquée d’une puissante société secrète. Intrigué et fasciné par de telle pratique, William se lance dans une nuit d’aventures, durant laquelle il va s’infiltrer à l’une de ces réunions. Démasqué comme intrus, il sera humilié et contraint de quitter les lieux, après avoir été sauvé par une mystérieuse femme, elle aussi cachée derrière un masque Vénitien.

Commence alors une effrayante vérité ou une paranoïa développée, où William soupçonne son ami pianiste et la jeune femme, d’avoir été enlevés ou même tués. Alors qu'il se sent surveillé en permanence par cette organisation secrète, Alice, de son côté, se perd dans d'affreux cauchemars. Un véritable voyage entre rêve et réalité, désir et fantasme, instinct et violence, conduira ce couple peut être plus loin que prévu ?

Stanley Kubrick, réalisateur autodidacte mais aussi photographe, scénariste, producteur et monteur, s’impose dans le milieu comme un cinéaste majeur du XXème siècle avec ses treize longs métrages ; aujourd’hui, pour la plupart, considérés comme cultes tels : 2001 : L'Odyssée de l'espace (1968) ; Orange Mécanique (1971) ou encore Shining (1980). Fasciné depuis toujours par le thème du double qui envahit tout et qui engendre la perte d’identité, Kubrick traite ici, de « nos pulsions les plus intimes, derrière les apparences ».

Ce film est considéré comme le testament de Kubrick, qui va mourir 4 mois avant sa sortie en salles est, selon une révélation faite à son ami Julian Senior, le film qu'il considère comme son meilleur : « it’s my best film ever, Julian ». Adapté du roman de 1927, d’Arthur Shnitzler, autrichien, ami de Freud et fasciné par l’interprétation des rêves ; Eyes Wide Shut traite de l’obsession sexuelle, de la jalousie, des fantasmes, des pulsions et de toutes ces peurs qui emprisonnent l’homme. Présenté comme film torride à suspense avec « le » couple de l’année : Tom Cruise et Nicole Kidman, Eyes Wide Shut à en réalité une tout autre dimension invisible pour ceux qui ont « les yeux grands fermés ».

Tom Cruise et Nicole Kidman, à l'époque unis à la vie comme à l’écran, incarnent à merveille le jeune couple bourgeois. Le fait de choisir un couple marié hors cadre prend tout son sens et Kubrick peut ainsi alimenter tous les fantasmes des spectateurs qui en oubli William et Alice pour n’apprécier que l’intimité de Cruise et Kidman. D’une justesse bouleversante, ils parviennent à nous faire ressentir toute la fascination et le désir qui les habite. Mise en scène par le génie de Kubrick et son esthétisme particulier, le maitre de la technique présente des images sublimes avec des mouvements de caméra fluides et toujours choisis au millimètre près. Comme le choix de voir à travers le miroir Nicole Kidman se regarder en train d'embrasser Tom Cruise : donne ce sentiment que finalement leur couple n'existe que par l'image qu'il renvoie. Ou encore le plan, où Alice fait glisser sa robe le long de son corps devant un miroir : nous fait immédiatement devenir de véritable voyeur au sein de leur intimité la plus secrète.

La musique quant à elle, comme pour la majorité des œuvres de Kubrick, est d’une grande importance. L’utilisation du style classique nous transporte dans ce monde de la haute société : raffiné et inaccessible. Pour les motifs linéaires de piano, ils accentuent le malaise lors de la découverte de ce monde secret et masqué où désir, pulsions et fantasmes font office de lois.

Freud avait-il raison ? Tout serait sexe …