Dans Idiocracy, film se déroulant dans le futur et présentant des humains devenus totalement décérébrés, le plus gros succès au box office est "Ass", où l'on voit uniquement un cul à l'écran, pétant de temps à autres. Je n'aurais jamais cru que ce film existait déjà, en quelque sorte ; je l'ai découvert il y a un an grâce à un extrait à la Nuit excentrique organisée par Nanarland. Ca date de 1991 et ça s'appelle "Fart : the movie". Le titre dit tout.
J'étais vraiment enthousiaste à l'idée de le voir, probablement parce que les blagues de pet, je trouve ça nul (et que j'avais envie d'être affligé, donc). Et pourtant, il y a certaines occasions où des fart jokes peuvent s'avérer drôle, en atteste cette utilisation du pet comme d'un pouvoir dans le jeu South park, qui m'a plié en deux. Mais que l'on soit sensible à ce type d'humour régressif ou non, je pense que "Fart : the movie" n'a de quoi faire rire personne.
L'histoire est des plus simples : Russell est un type qui adore péter, aspect de sa personnalité que le réalisateur/scénariste/monteur Ray Etheridge (un vrai homme à tout faire) exploite allègrement dans tout le générique de début avec des gags peu variés, peu imaginatifs. Russell pète dans l'ascenseur. Russell pète dans le bus. Russell pète devant un type qui mange.
Le bonhomme surjoue à mort, au point que je refusais de croire que c'était un acteur professionnel (et pourtant, il a joué dans Les guerriers de la nuit, et est toujours en activité aujourd'hui), et fait une tronche de gros benêt à chaque fois qu'il se lâche.
Russell rentre chez lui auprès de sa femme, Heather, habituée à ses frasques, au point d'avoir un masque à gaz à portée de main. Russell quant à lui a carrément installé un sismographe pour tenir un compte-rendu de ses pets. Toutes les scènes avec le couple sont agrémentées de pets, si fréquents qu'ils ne tiennent plus du gag mais du simple bruit de fond. On imagine aisément le bruiteur péter les plombs à force, d'autant qu'on dirait que le bruit de pet sert parfois de cache-misère, le réalisateur s'étant sûrement dit "tiens, on s'ennuie là, balance un pet".
A force, le personnage d'Heather craque, et s'en va seule à une soirée du nouvel an qui, par la suite, servira uniquement à meubler entre chaque scène avec Russell. Au bout d'un moment, Ray Etheridge a dû être tellement à court d'idées pour faire passer le temps avec Heather qu'il incruste totalement gratuitement une scène de concert... dans une maison. Ca se présente ainsi : quelqu'un déclare "le Wheel medecine band a accepté de jouer pour nous !", et tout d'un coup on alterne des plans du groupe jouant l'intégralité d'une chanson, sur une scène quelconque, et des plans des convives qui dansent, dans un lieu totalement différent. Le plus haut degré de foutage de gueule dans le film.

Russell quant à lui regarde la télévision et, par le plus grand des hasards, quelle que soit la chaîne sur laquelle il zappe, on ne parle que de pets. Il y a de tout : des pubs pour des sprays aux odeurs de pets, des comédiens qui font du stand-up en parlant de gazs, une sitcom où un type déclare être pétomane, des pubs pour une association de péteurs, etc... en revanche, il y a une unité dans le caractère fauché de chaque programme, dans la police d'écriture semblable à chaque fois qu'un texte apparaît à l'image, et dans le fait que chaque nom de personnage comporte un jeu de mot pourri avec le champ lexical du pet.
Rien n'est drôle, mais parmi ce qui est le plus affligeant, il y a ce sermon d'un prêtre attribuant les pets à Satan et qui doit durer une bonne dizaine de minutes (je n'ai pu m'empêcher d'accélérer), un quizz où il faut péter au lieu d'utiliser des buzzers, et une émission de cinéma avec des parodies de Roger Ebert et Gene Siskel qui (attention, blague méta) font la critique de Fart : the movie...

A la misère "scénaristique" on remarque que se mêle une misère technique : alors que c'est l'élément le plus important du film, lui donnant même son titre, les pets ne sont même pas bien foutus, ce sont des bruitages minables, coupés nets ; le film comporte par ailleurs beaucoup de problèmes de sons, et une mise en scène totalement incompétente, arrivant dès la première scène dans l'ascenseur à brouiller la compréhension de l'espace ! C'est fort, très fort. A plusieurs reprises par la suite, on ne saura pas exactement où sont les personnages, ni combien ils sont à tenir une même conversation, aucun plan ne permettant de les situer ou les compter, si bien que j'ai cru à un moment qu'on passait d'une scène à une autre, alors que non.
Tout aussi incompréhensibles, tous ces changements de lieu pour Russell, alors même qu'il continue à regarder les émissions de TV. A un moment, il sera aux WC, à regarder son téléviseur portatif, et le temps de repasser à une des émissions, on retrouve par la suite Russell dans sa cuisine, toujours à regarder son petit écran.
Le plus bizarre étant quand il regarde le début d'une émission dans sa chambre, pour ensuite s'installer dans son salon, sans qu'on comprenne s'il regarde la même TV ou non. Un changement de lieu qui n'a, d'ailleurs, aucune raison d'être.

Qu'est-ce qu'un long-métrage sur le pet pouvait donner, si ce n'est un film de merde ? C'est ce que j'en attendais, évidemment, et il me fallait voir ça pour y croire : "Pet : le film", que dire de plus ? Pour les curieux et les masochistes, l'intégralité de Fart : the movie se trouve sur Youtube.
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le 2 août 2014

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Wykydtron IV

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