En voyant les notes de mes éclaireurs, je m'aperçois qu'elles dépassent rarement le 6, ça va même plus bas, je trouve ça injustifié car pour moi, ce premier film d'Audiard en tant que réalisateur, est tout à fait conforme à son esprit de dialoguiste, on ne perd donc pas pied. Il passe à la réalisation sans changer sa manière qui lui a valu l'accusation pas toujours justifiée non plus de vulgarité et de mauvais goût.
D'abord, il a le sens du titre à rallonge farfelu, ça sera sa carte de visite pour ses autres films, ça surprend et accroche un public populaire qui a l'impression d'être en territoire connu ; de là l'énorme succès remporté par ses films, à commencer par celui-ci. Audiard connait bien son public, celui qui va au cinéma pour se changer les idées, pour se distraire et oublier ses soucis, pour rigoler un coup en évitant tout effort intellectuel. Il construit donc un film sur mesure, avec une histoire facile à comprendre, des personnages stéréotypés où de minables marginaux servent de cible à la gouaille, à l'esprit caustique et à la loufoquerie qui inspirent ses dialogues, en servant quelques mots d'auteur, de la langue verte, du pastiche de beau langage, ou des répliques cultes (le fameux Chouette comme métaphore ! C'est pas une métaphore, c'est une périphrase. Oh fais pas chier ! Ca c'est une métaphore ! servi par un Dominique Zardi impassible).
Cette bagarre de gangsters autour d'un magot est une comédie policière fantaisiste au ton certes décousu, avec des gags qui ne font pas mouche à tous les coups, c'est une histoire abracadabrante à l'humour burlesque et parfois décalé, c'est parfois bordélique, mais qu'importe, c'est l'ambiance qui compte, et aussi la joie de voir des acteurs s'amuser sur lesquels Audiard s'appuie pour faire fonctionner ce film, surtout Françoise Rosay, Bernard Blier et la délicieuse Marlène Jobert qui était révélée ici (c'était son 5ème film après une série de petits rôles), mais aussi une galerie de seconds rôles extrêmement savoureux comme Zardi, Dalban, Mario David, Paul Frankeur ou l'incontournable André Pousse, habitué des rôles de truands. C'est un petit classique qui prouve qu'en France à cette époque, on savait faire de bonnes petites comédies sympathiques, ce n'est plus le cas aujourd'hui.