Sous couvert de comédie grinçante et d’un prétexte scientifique (ou politique-fictionnel), Félix et les loups parle en fait de magie noire et de forces occultes : un leader charismatique frustré dans sa jeunesse de n’avoir pu embrasser une carrière artistique, puis révoqué de l’armée qui l’employait à de basses besognes, s’emploie dans son âge mûr à instaurer un ordre noir néo-darwinien par la manipulation, l’hypnose (ou la sorcellerie ?) et la brutalité d’un coup de force annoncé, non à Paris, mais sur la Riviera. Le ton plutôt léger voire satirique de l’ensemble ne dissimule pas toujours la violence du sujet. A. Gilot, J. Baumgartner et P. Messe incarnent 3 époques de la vie du protagoniste sans qu’on puisse décider auquel s’identifier, du jeune don Juan, de l’anti-héros sous influence ou du salaud nauséabond (merci la distanciation, etc.) Quant aux Loups, ce sont les membres du groupuscule secret, bras armé du gourou. Sur un ton faussement naïf, les auteurs privilégient une narration machiavélique qui semble partir dans plusieurs directions mais vise finalement un propos maîtrisé (comment soupçonner que les cent trous éparpillés de l’étoffe ont été percés d’un unique coup d’épingle ?)
Le script parle d’enjeux de l’époque – impéritie, décadence hallucinée, fuite en avant, terrorisme – dans une ambiance potache et festive (mode électro) qui justifie le port de masques (qui rappellent ceux des "féticheurs" d’Afrique de l’Ouest) Or le scénario évoque le virus Ebola et sa dissémination – dans l’acception la plus paranoïaque du terme (et peut-être aussi au niveau métaphorique, si leur "peste du furet" s’avère une hybridation de peste brune – hypothèse perso). Aux empreintes génétiques du protagoniste recueillies au début répondent comme en écho les empreintes d’une clé de la salle des archives dérobées dans de la pâte à modeler. On sait que les virus s’introduisent dans le code génétique des cellules à la manière d’une clé dans une serrure – sauf mutation : du furet (ou de la chauve-souris) à l’homme, par exemple. Sous cet aspect la contrefaçon de la clé des archives semble re-raconter, symboliquement, l’adaptation du virus d’une espèce à une autre… Joyeusement flippant.
Roquette
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le 18 nov. 2014

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