Plutôt habitué à faire des mélodrames sentimentaux, John Cromwell signe ici un film à l'opposé de son style habituel. On craint au début du film d'avoir à supporter un film moralisateur, grossissant volontairement le trait d'un univers carcérale vicieux dans lequel on lâche une fille naïve et innocente... Et puis, ce schéma se dérègle petit à petit de façon assez subtile. D'abord par l'arrivé de la sadique gardienne (un classique du genre) superbement interprété par Hope Emerson, qui sera nominé aux Oscar pour le rôle; puis par l'abandon des institutions, de la corruption des politiques, de l'emprise de la pègre au sein de la prison. Le séjour carcérale de la jeune Marie Allen va se transformer en enfer. Et il faut aussi saluer l'incroyable performance d'Eleanor Parker (elle aussi nominé aux Oscars), dans la transformation de son personnage entre le début et la fin du film.
Au final, on ne s'attend pas du tout à la tournure que prend le film, bien loin du schéma bien pensant qui prévaudra dans les films des années 50. "Femme en cage" s'avère être une violente attaque contre la politique carcérale des USA, que le film n'hésite pas à la décrire comme une école du crime. Il faut dire que le scénario s'inspire d'articles de presse du L.A. Times et d'un roman écrit par Virginia Kellogg, qui se fit volontairement incarcéré dans une prison de femmes de l'époque pour enquêter sur son sujet. John Cromwell va utiliser dans sa mise en scène toutes les astuces qui avaient fait le succès des films du pré-code au début des années 30. Une époque où lui même avait réalisé des films du genre, qui sont aujourd'hui difficilement visible. Peut-être faudra-t-il un jour revoir ce pan de sa filmographie, qui pourrait bien redorer son image de réalisateur à l'eau de rose.