Un film d'acteurs (au summum) et de texte qui a du mal à se départir de son origine théâtrale.

Durant le premier quart d’heure il faut avouer qu’on a un peu peur. Denzel Washington débite des logorrhées verbales qui n’en finissent plus sur des sujets aussi divers qu’inintéressants. Puis on s’habitue peu à peu à ces longs dialogues et confrontations verbales entre deux acteurs notamment les deux principaux, le réalisateur lui-même et Viola Davis. Lorsque ces deux-là évoquent leur mal-être et leur bonheur ou font le bilan de leur vie, on assiste à des joutes verbales de platine incarnées par des comédiens en or massif. Il faut avouer qu’ils connaissent bien leur texte et ces rôles puisque ils les ont déjà déclamés et interprétés dans la pièce de théâtre d’August Wilson dont est adapté le film.


Le problème est qu’un film ayant comme matière première le théâtre a parfois du mal à se départir de son matériau original. Et ici, il est vrai qu’on a la trop désagréable impression les trois quarts du temps d’assister à une pièce tant le film ne quitte que rarement la maison de Troy Maxson, et même pire, uniquement le salon et surtout la cour extérieure. Et la mise en scène du comédien ne transcende malheureusement pas vraiment l’adaptation qu’il en a tiré à tel point qu’on doute de l’utilité d’un tel film. Les plus de deux heures que dure le film paraissent parfois bien longues, certaines séquences et les sujets qui y sont débattus étant sporadiquement intéressants. Et comme c’est un peu long à se mettre en route, on est à deux doigts de raccrocher…


Heureusement les thèmes traités s’avèrent plus souvent intéressants voire passionnants et les prestations de Denzel Washington, encore une fois monstrueux, et Viola Davis, proprement renversante, permettent tout de même de croquer un beau morceau de cinéma. On y parle avec sens de ce qui fait l’éducation ou la réussite dans la vie, mais également un peu du racisme et beaucoup du temps qui passe et de l’évolution des mœurs. Des thèmes qui peuvent parler à tout le monde et solubles dans un film qui se déroule dans les années cinquante mais semble toujours autant d’actualité à travers ce qu’il évoque. Il faut avouer que c’est davantage un film d’acteurs et de texte mais on peut l’apprécier selon l’humeur. Modérément certes mais c’est dans ces domaines un travail d’orfèvre.

JorikVesperhaven
6

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le 24 févr. 2017

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Rémy Fiers

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