Avant de parler très rapidement du film, je voulais dire que c’est le troisième en dix jours que je voie dans lequel Ariane Labed joue. Pourtant je ne la connaissais pas avant, c’est bizarre. J’aime bien le trouble qu’elle dégage : A la fois elle me parait souvent à côté et l’instant suivant elle me cueille par sa retenue et une fragilité maquillée d’énergie, indomptable façon Sandrine Bonnaire. Dans le film de Lucie Borleteau, un premier long, il y a du monde : Melvil Poupaud, qui semble tenir la vague de Conte d’été ; Anders Danielsen Lie, qui irradiait littéralement Oslo 31 août et le dernier film de Mikhael Hers ; Thomas Scimeca, que j’avais adoré dans le Inupiluk de Sébastien Betbeder ; Laure Calamy, qui sublimait Un monde sans femmes, de Guillaume Brac ; Vimala Pons, notre « fille du 14 juillet » préférée, entre autre ; Jean-Louis Coulloc’h qui partageait l’affiche du Lady Chatterley de Pascale Ferran. Oui, ça envoie du lourd. Mais le film n’est pas au niveau de son casting, malheureusement. Enfin, c’est un beau film, sensuel, sexuel, mais qui manque de chair, de mouvement, d’étirement. On rêve parfois de voir une séquence s’allonger à l’infini et trouver un tempo qui lui est propre. C’est un peu le problème de ce Fidelio, l’odyssée d’Alice, il manque d’originalité, au moins formellement, parce qu’il est trop occupé à parler (trop) ouvertement de cul dans chaque scène, faire croire qu’il est débridé, qu’il révolutionne la sexualité au cinéma. Le reste devient plus que du remplissage au sens où l’on peine à s’intéresser à ce petit groupe, on sent trop la fabrication, les dialogues sur-écrits, le manque de silences et un certain schématisme dans la métaphore, que l’on retrouve dans le titre tant le film ne cesse de parler de fidélité d’un instant à l’autre. C’est plein de défauts mais attachant malgré tout, surtout dans le portrait qu’il fait de cette femme héroïque, dans un cargo délabré, seule dans un monde d’hommes, qui voudrait tout prendre mais se confronte à son émancipation, son amour de jeunesse, son grand amour du présent et le marin mort qu’elle remplace. Car c’est aussi un beau film sur les rencontres et la transmission.

JanosValuska
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le 2 mai 2016

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JanosValuska

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