Si tu es en train de lire ce message, ceci est un avertissement pour toi. Chacun des mots que tu lis de cet inutile message c'est une autre seconde de ta vie qui s'en va. N'as-tu rien d'autre à faire ? Ta vie est-elle si vide que tu es sincèrement persuadé de n'avoir pas de meilleure manière d'utiliser ces moments ? Ou es-tu tant impressionné par les autorités que tu vies dans le respect et la foi de tous ceux qui s'en réclament ? Est-ce que tu lis tout ce que tu es supposé lire ? Est-ce que tu penses tout ce que tu es supposé penser ? Tu devrais vouloir ce que l'on te dit de vouloir. Sors de ton appartement. Rencontre un membre du sexe opposé. Arrête d'acheter n'importe quoi et de te masturber. Démissionne de ton travail. Commence un combat... Prouve que tu es en vie. Si tu ne proclames pas ton humanité, tu deviendras une statistique. Tu as été prévenu.... Tyler



Film le plus noté de SensCritique, Fight Club est certainement l’œuvre qui fait l’unanimité lorsque l’on parle de cinéma. Rarement positionné comme le film préféré, il est néanmoins solidement ancré dans ces bons vieux Top 10. Quoi de plus normal pour un film alliant scénario originale, rébellion face au mal être de notre société, jeu d’acteur époustouflant, réalisation maîtrisée et violence savamment distillée?


C’est l’histoire d’un employé de bureau ordinaire, interprété par Edward Norton, dont le cours de la vie suit un long fleuve tranquille. Cet homme va cependant faire une rencontre qui va tout chambouler. Je parle bien sûr de Tyler Durden, le personnage anti-système incarné par un volubile Brad Pitt. Détourné du droit chemin, le narrateur va peu à peu se détacher des codes et des normes sociales. Cet affranchissement va entraîner nos protagonistes à construire leur propre système, représenté par le fight club. Un club qui suit ses propres règles et composé uniquement d’hommes. La plupart de ces hommes ont un caractère violent et peuvent librement l’exprimer au sein du club. D’autres, comme notre narrateur, se servent du club comme d’un exutoire, une soupape de sécurité permettant de libérer toute cette satanée pression accumulée lors du quotidien.


Le dénouement est jouissif. La schizophrénie du narrateur explose à la tronche du spectateur comme une bombe. Les pièces du puzzle s’assemblent à toute vitesse mais avec une très bonne fluidité formant l’étape critique de Fight Club où la maestria de David Fincher entre en jeu. On se rend compte de la difficulté de cette situation si l’on fait une comparaison avec Revolver de Guy Ritchie. La schizophrénie est alors utilisée comme une laborieuse pirouette scénaristique permettant de finaliser le film. Il est aussi intéressant de noter les différents messages quasi-subliminaux intelligemment distillés tout le long du film, à savoir le message d’avertissement au tout début du générique et les apparitions de Tyler, qui ne durent qu’une fraction de seconde, lors des premières scènes.


Fight Club a atteint ce stade de popularité car il parle à la partie rebelle qui habite chacun de nous. Qui ne rêve pas de faire un pied de nez au système? Dans une société hyper violente, il semble normal de combattre le mal par le mal. Tyler Durden incarne le grain de sable qui parvient à casser la machine infernale de notre système représenté par le mal absolu de ces dernières années, la finance.

Vincent Ruozzi

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