The Fighter peut subir la comparaison avec Rocky et Raging Bull sans en rougir tant le film se révèle être un petit mélange des deux avec en prime sa touche personnelle et une dimension nouvelle, peu vue dans les films sur l'univers de la boxe. Le film se base sur des évènements réels car il narre un bout de vie du boxeur poids welter Micky Ward. On y suit donc une partie de son parcours en tant que boxeur mais aussi des fragments de sa vie personnelle et notamment sa relation avec son grand frère Dicky et sa mère, très présents autour de lui pour ce qui est de sa carrière. Je commencerais ma critique par la technique du film, autant dire que la mise en scène de The Fighter se révèle très bonne, intelligente même. David O.Russell pose la caméra de manière à observer ce qui se passe et à absorber l'univers de cette famille mais aussi de cette petite ville des USA. Et pour ce qui est des combats c'est saisissant, là le film devient plus viscéral, plus accrocheur et d'ailleurs la plupart des coups ne sont pas mimés, chose que j'ai apprise après le film et en effet le film m'avait bluffé par le côté réaliste des combats et la force qui s'en dégageait. De plus suivre les combats à la manière d'un téléspectateur est plaisant. Déjà vu, mais plaisant. Mais The Fighter a beaucoup de valeur grâce à la richesse de son scénario. Le film ne se contente pas de suivre le parcours d'un boxeur mais s'intéresse à ce qui l'entoure. Micky Ward, brillamment interprété par Mark Wahlberg, apparait comme quelqu'un de réservé, pudique et oppressé par son cocon familial, et c'est là que réside l'une des forces du film.

The Fighter se montre comme étant un film familial mais aussi social, peinture d'une partie de l'Amérique profonde, celle qui est un peu cachée au monde ( Un peu à la manière de Rocky qui était tout de même moins axé sur la famille). La famille de Micky Ward, en particulier sa mère et ses soeurs, se révèle protectrice mais trop possessive au point où elle devient étouffante. Elle apparait comme une machine huilée, rôdée, qui ne tolère aucun élément étranger ( la copine de Micky, le manager voire même le beau-père), ici l'étranger demeure la menace susceptible d'ébranler tout ce système conçu pour s'auto-suffire et ne vivre que dans son microcosme. Mais la principale dualité réside dans les rapports entre Micky et son frère aîné Dicky, tombeur du grand Sugar Ray Leonard par le passé et dépendant au crack aujourd'hui. Dicky est l'illustration de l'échec social, il n'a pas su saisir sa chance là où il en avait l'opportunité, pour devenir un grand champion. En tout cas je tire mon chapeau à Christian Bale pour sa sacrée performance, une interprétation tout en puissance et étonnamment ressemblante au vrai personnage. Dicky c'est un peu la métaphore du rêve américain en perdition, un constat amer observé depuis la Guerre du Viet-nam. Sans en savoir davantage sur son passé il semble probable que Dicky ait lui aussi subi l'oppression du milieu familial d'où sa manie à échapper à sa mère le plus souvent possible. Dicky l'excentrique et Micky le timide sont pourtant fortement attachés l'un à l'autre, et l'un ne pourrait vivre sans l'autre, l'ainé voit son rêve réincarné en son jeune frère et le guide tant bien que mal et ne supporte aucune mise à l'écart, au final chacun se retrouve dans l'autre. The Fighter avait tout pour être banal. Et même si il n'échappe pas à un certain classicisme, force est de constater qu'il se révèle être un brillant exercice de style, un film à la fois intimiste et à forte dimension sociale. Un très bon film.

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le 22 mai 2012

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Moorhuhn

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