Filibus
Filibus

Film de Mario Roncoroni (1915)

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Devant un film annoncé de plus de cent ans d'âge, je m'étais dit : ça va être la cata...

J'ai donc mentalement essayé de me préparer psychologiquement et replonger dans ce que je croyais être l'époque (mais sans couper chauffage et éclairage, mais en planquant les smartphones) et j'ai regardé cet OCNI (objet cinématographiquement non identifié)

Rappelons au passage que c'est un film italien car en France, c'était pendant la première guerre mondiale et on avait autre chose à faire que des films...

Coup de chance, Arte nous a gratifiés d'une version restaurée ! Qu'est-ce que ça devait être l'originale ! Car l'image nous apparaît tantôt verdâtre, tantôt jaune, parfois en noir et blanc quand même, avec aussi les traces parfois de disparition des bords d'accroche du négatif d'un côté...

On est à des années lumière de la HD !

Comble de bonheur pour les puristes, les sous-titres originaux demeurent, pleins de charme, et sont même traduits dans la langue de Victor Hugo...

Confidence : j'ai actionné très vite la touche mute de ma télécommande ! La pseudo-musique qu'on nous inflige et qui envahit le silence d'antan est épouvantable ! Pire que les 78 tours sortant d'un gramophone nasillard et crachouillant, même si c'est plus récent... On se plait à rêver d'une musique des Pink Floyd.

Jadis, les films muets, dans les cinémas les plus luxueux, étaient accompagnés par une pianiste intervenant à des moments choisis en fonction de l'histoire... Elles durent se reconvertir en profs de musique (ou pire) comme celle qui m'a initié aux claviers.

Je me demande du reste pourquoi on n'embauchait pas quelques comédiens intermittents du spectacle pour lire les sous-titres , ce qui eut constitué une amorce de cinéma parlant ? Bien mieux que le chômage ? Encore faut-il les trouver encore pendant une guerre !

Par contre, le scénario, basique, se découvre avec délectation mêlée d'une véritable tendresse bienveillante ! Ce ne sont pas des couleuvres qu'on nous fait avaler mais carrément des boas constrictors, voire des conduites d'eau de sapeurs-pompiers, sur fond de film policier ! On craignait la maréchaussée à l'époque ! Tout ça est émouvant mais ô surprise divine, on a mélangé aussi au genre de la science fiction ! Rien que ça et pour le même prix...

Un étrange OVNI constitue le repaire spatial de Filibus, sorte de gentleman-cambrioleur insaisissable et aussi gentilhomme qu'Arsène Lupin, qui va essayer de compromettre le détective lancé à ses trousses en copiant ses empreintes digitales ! (Pour l'ADN, il eut plus de difficulté)

Le pirate de l'air dispose d'un étrange engin bricolé à partir d'une espèce de ballon dirigeable dont toutes les suspensions de la nacelle (un vieux bidon cabossé) sont bigrement détendues et ne m'aurait pas inspiré confiance !

L'OVNI lui est bizarrement différent selon qu'il est vu dans le ciel (curieusement incliné) ou en vue rapprochée. Le réalisateur ne manquait pas de personnel ingénieux et imaginatif : on pouvait descendre de l'aéronef par ascenseur retenu par un seul câble se déroulant jusqu'à ce que cette nacelle se pose en douceur derrière la chaise du détective que Filibus veut endormir à coups de sédatifs ! On n'arrête pas le progrès ? Ben si ! L'hélitreuillage de nos jours n'est pas aussi douillet ! Et entre le poste de conduite et la terre, on avait créé l'héliographe, permettant à l'équipage de converser... En fait l'appareil mesure le nombre d'heures d'ensoleillement ! Le traducteur aurait-il confondu avec hélitreuillage ? C'est aussi présent dans ce film mais le passager doit poser le pied sur des étriers comme pour une séquence d'équitation !

Bref tout ça est ubuesque, burlesque, mais si charmant qu'on et pu attendre avec impatience (et pour bientôt) la suite des méfaits de Filibus, ! On assiste aussi pour le même prix à des courses de voitures (ce que les angliches appellent road-movies) dont on se demandé comment déjà elles ont bien pu rouler, mais qui sont si émouvantes, même si elles asphyxiaient de fumée blanche le cycliste dépassé A l'instar de cette Itala ! Vous pensez si j'ai vérifié l'authenticité : ben oui, la marque fut créée en 1903 par des passionnés, spécialisée dans les voitures de courses et de luxe pour faire faillite en 1934...

Ce voyage dans le passé est à votre portée... Nostalgiques des oldies, bonjour !

.

Arte le 30.04.2024-14.06.2024-

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le 14 mai 2024

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