Russian love gay triangle.

Que l’on aime ce film ou pas, on va assister à quelque chose de peu commun dans le paysage cinématographique international actuel, à une quasi anomalie. Et une fois n’est pas coutume,ce n’est pas par le long-métrage en lui-même mais bien dans sa gestation, sa production et son intitulé qu’il détonne. « Firebird » est en effet une œuvre produite en collaboration avec le Royaume-Uni et deux des trois pays baltes, l’Estonie et la Lettonie. Il est clair que peu de spectateurs peuvent se targuer d’avoir vu un film de l’un de ces pays. Ensuite, c’est une histoire d’amour gay sous couvert de triangle amoureux se déroulant durant la Guerre Froide en ex-URSS. Un contexte militaire et d’époque peu commun tentant de manier le romantisme échevelé d’antan à un fond martial à la « Top Gun » ou « Pearl Harbor », toutes proportions budgétaires mises de côté bien sûr. Et c’est joué par des acteurs anglais en langue de Shakespeare (ce qui de ce côté s’avère quelque peu ridicule et enlève beaucoup de charme et d’authenticité à l’ensemble). Le scénario a été écrit par l’acteur principal, le jeune Tom Prior vu dans « Kingsman » et très investi dans la cause LGBT, et il y joue le premier rôle aux côtés d’une distribution majoritairement russophone. Une genèse peu commune pour cette œuvre qui sort clairement des œuvres de niche pour public gay, restant habituellement cantonnées aux festivals et plateformes spécialisées, par son ampleur et son budget. Rien que tout cela est intrigant et intéressant.

Mais, au-delà des coulisses, que vaut ce « Firebird »? Et bien sans être transcendant ni inoubliable on peut dire que c’est un mélodrame de belle tenue qui gagne en force tragique au fur et à mesure qu’il avance. Un peu hésitant au début, le film finit par vite trouver sa vitesse de croisière et cette histoire d’amour contrariée finit par emporter nos cœurs. On parle de triangle amoureux mais le personnage féminin est malheureusement un peu trop mis de côté dans l’équation. En revanche, ces messieurs sont très convaincants et leur duo est crédible et très sensuel. Le réalisateur parvient à rendre très beaux les ébats assez pudiques de ces deux soldats et le charme et la complicité qui les lie font le reste. Malheureusement, si ce n’est ce contexte passionnant et peu vu sur les écrans pour ce type de romance, le déroulement est assez prévisible et les épreuves mises sur la route des tourtereaux n’évite pas l’écueil des clichés (leur colonel supérieur en est le parfait exemple). Et plus le film avance, plus la tragédie se concrétise et plus on est embarqué dans leur malheur. C’est beau, c’est pudique et c’est sans conteste sincère. Par contre, Peeter Rebane, le réalisateur aux manettes a peut-être mis trop d’attention à sa direction d’acteurs et à respecter le script au point d’en oublier d’avoir une vision de réalisateur. Sa mise en scène est impersonnelle au possible et très vieillotte à tel point qu’on se croirait dans un vieux film des années 90. Une œuvre engagée et nécessaire, qui fait acte de piqure de rappel au vu des récents relents homophobes en Europe mais à la facture trop classique et à la production vraiment peu commune et étrange sur le fond.

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