Frances Ha par Neena

Le noir et blanc m'a longtemps troublé. 'fin, j'ai beaucoup de mal avec les films en noir et blanc, en règle générale. C'est pour ça que j'ai mis un temps fou à le regarder. Et puis un soir, hier, je voulais quelque chose de qualité au milieu de ce foutoir culturel incessant, et j'ai lancé "Frances Ha". Et ma tête, mon coeur, mes émotions ont fait un tour sur eux-mêmes.

C'est un film touchant, mais vraiment touchant. J'dis sûrement ça parce que j'étais en empathie complète - et assez violente - avec l'héroïne, j'dis ça parce qu'il y a beaucoup d'émotions qui traînent, dans ce film. Il y en a énormément. Des émotions qu'on connaît, qu'on a connu, qu'on redoute de connaître, et des tas de choses. C'est un film autour d'une vie, à un moment donné, voilà. C'est exactement ce que j'aime (et c'est ce que je vise quand j'écris, en plus, donc bon). Frances, c'est cette femme, scintillante de folie, vive, qui rencontre la vie. 'fin, c'est taré, dis comme ça, et ça n'a pas de sens. Disons que Frances, c'est une nana à la tête pleine de rêves, des rêves doux et forts, des espoirs immenses, face à la vie, LA vie, oui, celle là. Face à sa meilleure amie qui s'éloigne, face aux mecs, face aux occasions perdues et celles qu'on sait saisir. Et c'est touchant, putain. C'est gorgé d'espoir, puis de tristesse, puis d'espoir à nouveau. C'est dingue, cette petite montagne russe des sentiments.

Il a beau être en noir et blanc, il n'en reste pas moins lumineux. Je crois que, les couleurs, elles sont nées petit à petit, au fur et à mesure du visionnage. Y'avait pas cet écran, celui qu'il y a toujours, d'habitude, quand je regarde un film en noir et blanc. C'est comme si je me disais "Ce film n'est pas en couleur, or, je vis dans un monde en couleurs, ça va me perturber" à chaque fois. Mais là ... Je m'en foutais. Va pour le noir et blanc. Ce film est beau et réussi de haut en bas, sous toutes les coutures, de toute façon.

Je ne sais pas s'il a un rythme particulier, ce que je sais, c'est qu'en regardant "Frances Ha", le temps s'écoule différemment. C'est un peu une échappée, une petite pause. Et il y a, dans ce film, des instants vraiment ... Mh, comment dire. Ce genre d'instant, dans un film, où vous entendez quelque chose, des mots, des mots poignants, touchants, qui vous font voir les choses autrement, qui vous semblent adressés. Voilà, oui, ça. Et ça, c'est une sensation vraiment particulière. C'est de l'émotion, de l'émotion qui monte aux yeux, qui donnent envie de pleurer et de sourire en même temps tellement on a chaud au cœur.

Je me suis vraiment reconnue en elle, en Frances, en y repensant, et c'est sûrement pour ça que je dis que ce film est brillant (j'adore me reconnaître dans un livre ou un film, c'est vraiment puissant). Cette petite nana "incasable", qui poursuit ses rêves et se rend compte que ceux autour d'elle en ont d'autres et que ça va finir par les séparer, cette fille qui rêve très fort, qui prend son cœur, qui le lance droit devant elle et qui lui court après (ceux qui ont vu "Cemetery Junction" comprendrons, pour les autres ... C'est très imagé, je trouve, non ?), cette fille qui est "une autre" et qui a le sentiment qu'elle a du mal à s'intégrer à tout ce qui s'articule autour d'elle, à cette façon qu'ont les gens de vivre, et qui vivote, qui bouge, qui vit intensément, à en danser dans les rues. J'espère que je n'extrapole pas. C'est juste un ressenti personnel, hein ?

Et pour ceux qui voudraient un p'tit extrait, j'ai choisi mon préféré :

"Je recherche ce moment. C'est ce que j'attends d'une relation. C'est peut-être pour ça que je suis célibataire. C'est dur de ... Tu vois, quand t'es avec quelqu'un, et qu'il sait que tu l'aimes, et que tu sais qu'il t'aime, mais c'est une soirée. On parle à d'autres gens, on rit, on rayonne, on regarde dans la pièce et on croise le regard de l'autre. Pas par possessivité ou par attirance sexuelle, mais parce que .. c'est ton âme sœur dans cette vie. Et c'est drôle et triste à la fois car cette vie a une fin. C'est un monde secret, qui existe là, en public, dans l'ombre, et dont personne d'autre n'a conscience. C'est comme ces gens qui croient en d'autres dimensions, même si on ne peut pas les percevoir. C'est ce que j'attends d'une relation." (Frances Ha)