Il était l'un de mes réalisateurs préférés à 15 ans, il m'a beaucoup déçu lors des années 2000 et ces dernières productions ne m'inspiraient tellement rien que j'avais décidé de ne pas m'y attarder. Mais cette fois-ci je le sentais bien! Je parle bien entendu de Tim Burton qui débarque pour la deuxième fois sur nos écrans en 2012 avec l'auto-remake d'un court-métrage qu'il avait réalisé en 1984: Frankenweenie. Ce film sentait ainsi le retour aux sources du cinéaste le plus mal coiffé de l'histoire du 7ème art et de ce fait je partais plutôt confiant, avec pas mal de craintes tout de même. Alors un Frankenweenie animé et en long-métrage ça donne quoi?
Il est à noter d'abord que je n'ai pas vu le court-métrage original donc je n'émettrai aucune comparaison entre le Frankenweenie de 1984 et celui de 2012. Mais ce que je peux tout de même dire d'entrée de jeu c'est que Tim Burton renoue avec succès à l'esprit de ses premiers films et que ça fait réellement du bien. On le sentait en grosse perte de vitesse mais finalement il retrouve la réussite artistique à travers ce conte macabre plein de fraîcheur comme il en a le secret.
Burton m'avait déjà convaincu dans le cinéma d'animation en stop-motion avec Les Noces Funèbres qui était une très bonne surprise. Sa patte reconnaissable dans l'étrange Noël de Mr Jack était également plaisante même si ce film doit bien entendu pas mal à Henry Selick. Ici on retrouve cette technique du stop-motion, à l'ancienne et qui fonctionne toujours à merveille quand elle est bien utilisée.
On retrouve ici les principaux ingrédients burtoniens. Son style gothique reconnaissable entre mille, ses personnages farfelus, une ambiance assez loufoque. Il est à noter déjà que le noir et blanc colle bien au film, ça contribue énormément à rendre cette atmosphère si savoureuse. L'introduction du film est très plaisante et on sent une nouvelle fois ce petit regard ému que Tim Burton porte sur le cinéma avec ce petit garçon qui réalisé son court-métrage avec ses jouets, du carton et son chien pour rôle principal.
La relation entre Victor et son chien est le coeur de l'intrigue. Ca m'a quand même pas mal ému, ça nous rappelle un peu cette jeunesse insouciante et innocente où tout semblait possible. On a l'impression que ce film est auto-biographique d'ailleurs. Ce petit Vincent est-il le reflet de ce qu'était le petit Tim Burton? Je le pense.
Niveau mise en scène c'est vraiment très bon. Le stop-motion est utilisé avec intelligence, visuellement c'est vraiment beau et le design des personnages est assez réussi en plus d'être drôle. L'aspect du chat et de sa maîtresse est vraiment drôle, ce chat est juste hideux c'est magnifique! Généralement les personnages semblent avoir été conçus comme si ils sortaient directement d'un film d'horreur des années 50 auxquels Tim Burton est très attaché.
On retrouve d'ailleurs ce côté hommage, notamment lors d'une longue séquence sur la fin qui n'est pas sans rappeler les classiques de l'horreur et de la science-fiction. Sans rentrer dans le détail, on y retrouve tout le bestiaire du cinéma de genre d'antan avec une nouvelle fois de l'humour et pas mal d'imagination. Tim Burton rend hommage à ce cinéma, à son cinéma tout en faisant preuve d'une bonne dose d'originalité.
Frankenweenie est un film qui a bénéficié d'un soin particulier et qui a vraiment été réalisé avec amour. Cependant quelques couacs surviennent tout de même. Déjà il est à noter que Burton se prostitue pour Disney (dire qu'il travaille pour Disney c'est trop mainstream) et donc on sent qu'il n'a pas la liberté artistique qu'il pouvait avoir à l'époque des Batman, de Mars Attacks ou encore de Sleepy Hollow.
Le film est destiné pour les enfants aux yeux du géant américain et malheureusement le film pâtit des défauts typiques du genre avec bien entendu en leader: la niaiserie. Je regrette franchement cette fin décevante qui contribue un peu tout ce que Burton tente de développer pendant tout le film. Sans compter que la composition d'Elfman s'avère être décevante et pas subtile pour un sou dans les scènes émouvantes.
Néanmoins Frankenweenie a quand même les qualités nécessaires pour être un bon film. Une mise en scène inspirée, un scénario simple mais prenant, des personnages attachants, une bonne touche d'humour et pas mal d'idées. Le discours du prof de sciences devant les parents est vraiment génial, quelque part ça fait du bien de voir ça dans un film pour enfants. Faut les traumatiser ces salles gosses de toute façon, parmi eux il y a forcément un futur Justin Bieber et une future Rebecca Black.
Quelques mots sur la 3D. Ici elle n'est pas forcément utile et gâche un peu le travail de photographie mais bon c'est pas encore trop grave. Ce n'est pas comme si on assistait au spectacle de marionnettes de Resident Evil 5 quoi.
Tim Burton parvient donc à lever momentanément les doutes que j'émettais sur lui. Bon après je n'ai pas vu ces deux derniers films qui ne sentent vrament pas bons mais là je suis convaincu. Certes on n'atteint pas le niveau d'un Ed Wood, d'un Big Fish ou encore d'un Edward aux mains d'argent d'un point de vue poétique mais ce Frankenweenie mérite d'être vu, ne serait-ce que pour admirer les retrouvailles de Burton avec le bon cinoche.