Il fallait oser !
Les spectateurs de 1932 pouvaient difficilement être prêts aux Freaks de Tod Browning. Une petite heure en compagnie de ces personnages fantastiques du cirque Tetrallini c'est certainement trop court, mais c'est une heure bien remplie : une heure de tolérance nous présentant des êtres amputés ou d'apparence "anormale" aux aspirations "normales" et aux sentiments plus humanistes que certains de leurs collègues moins "spéciaux". Et croyez-moi, vous ne les oublierez pas !
L'histoire, très simple au demeurant, a tout pour passionner : Hans l'illusionniste (un nain - ou une personne de petite taille suivant votre bien-pensance) tombe aveuglément amoureux de la grande et belle nouvelle trapéziste, délaissant sa fiancée d'abord jalouse, mais rapidement consciente de la manipulation. La trapéziste en profite pour d'abord se faire offrir quelques cadeaux puis, apprenant sa fortune héritée, décide en compagnie de son amant herculéen de se marier avec lui, afin de le tuer et récupérer son magot. Mais bien évidemment, tout ne se passera pas exactement comme les deux imposteurs l'avaient prévu.
Ce qui me plaît dans tout ça, c'est qu'ils ont de la personnalité ces petits monstres, ils ne se laissent pas marcher sur les pieds (quand ils en ont) et restent soudés. En témoigne leur silence d'humiliation mettant un terme au repas de noce de Hans et sa profiteuse, comme cette scène finale d'une force et d'une beauté tout simplement phénoménales ! L'humour n'est pas non plus en reste grâce entre autres aux histoires d'amour des deux soeurs siamoises.
Un film unique et maîtrisé. Terriblement beau.