On touche maintenant à un petit joyau dans le monde du film d’horreur sympathique, puisque ce film est tout simplement l’un des premiers de Stuart Gordon, l’un des plus généreux aussi, et qu'il n'a été que récemment réédité en France (en édition censurée d'ailleurs, une tragédie pour les cinéphiles qui s'y laissèrent prendre (comme moi)). Il reste trouvable en VHS non censurée de ci de là (et bien sûr les éditions étrangères en VO), mais il tient largement de la pièce de collection. Je veux parler de From Beyond, nouvelle sombre histoire inspirée de H. P. Lovecraft, qui mixe avec une certaine jubilation des thèmes de Hellraiser avec les maquillages boudinés de Society. Alors, apétissant ?


Vraiment, From Beyond tient de la générosité pure, son concept étant tout simplement tellement vaste qu’il peut se passer à peu près n’importe quoi dans le film, et que c’est d’ailleurs ce qu’il arrive. Certes, le budget n’est pas illimité, mais le nombre de maquillages est impressionnant, et une certaine folie dans la gestion de la chair qui n’est pas sans rappeler la séquence finale de Society, ou une version débridée d'un Cronenberg des années 80. Difficile de répertorier tout ce qu’aborde le film, mindfuck sans limite mélangeant une dimension parallèle abritant d’étranges créatures agressives, une évolution du corps humain (le développement anormal de la glande pinéale avec les ondes de la machine) et une sorte de folie des grandeurs empreinte de mysticisme religieux incarnée par le docteur Prétorius, qui sera dès le début de l’histoire absorbé dans la dimension parallèle et qui se verra totalement maître de sa chair. C’est aussi grâce à lui que l’on retrouve plusieurs thèmes communs avec Hellraiser, le professeur étant une personne à la sexualité trouble (il pratique couramment le sado-masochisme) qui au contact de cette nouvelle dimension pète littéralement un câble, le proclamant maître de la chair, prince des phantasmes et tout le tremblement. Ainsi, l’enjeu du film tiendra d’abord à refaire un essai en face d’un docteur pour que Crawford prouve sa raison, et par la suite, la machine sera rallumée par des personnes plus ou moins atteintes, risquant à chaque fois de provoquer la mort des occupants de la maison. Mais là où le film tente d’être un peu plus « subtil », c’est sur le point de l’évolution humaine avec ce développement de la glande pinéale, qui débride la sexualité de nos héros (avec son lot d'érotisme bon marché) et qui les amène peu à peu vers la connaissance d’un sixième sens, poussant l’un de nos personnages à se nourrir de cerveaux et à développer une affinité particulière avec la machine-porte. Voilà globalement pour les idées, rassemblées dans un tout qui manque parfois un peu de cohérence, mais qui fait preuve d’une telle volonté à vouloir nous faire plaisir qu’il serait vraiment dommage de la bouder. D’autant plus qu’au niveau des interprétations, le film n’est pas si mal, porté par un Jeffrey Combs toujours aussi attachant et un Ken Foree cool comme à son habitude, qui nous feront passer un bon moment de récréation bis. Inutile d’en rajouter, le film se défendra très bien tout seul. Si toutefois ce film n’a rien à voir avec le chef d’œuvre, c’est une bisserie de premier ordre qui comblera largement les attentes des fans de Re-animator.

Voracinéphile
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le 7 déc. 2015

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