Après le triplé gagnant Erin Brockovich-Traffic-Ocean's Eleven, Steven Soderbergh a voulu retourner à un cinéma plus proche de ses aspirations, dans l'esprit d'un Schizopolis ou Gray's anatomy, à savoir une expérience.

Conçu tel le fut le Dogma de Lars Von Trier (un règlement en 10 points fut même dicté aux acteurs, prônant le naturel et l'improvisation), avec une utilisation du numérique, c'est un tout petit projet, conçu pour 2 millions de dollars (une broutille), tourné très vite (18 jours), et qui laisse un peu perplexe.

Le film tourne autour de 6 personnages, dont on suit leurs vies, basées sur le cinéma, qui se préparent à une soirée donnée par un producteur, tout en ne se doutant pas que ça va virer au tragique.
Si les films du Dogma ont tendance à m'ennuyer, ici ça reste assez simple à suivre, même si il faut dire que ça n'est pas toujours intéressant (sauf la partie avec l'acteur qui joue Hitler dans une pièce de théâtre et qui se révèle arrogant).

L'improvisation se voit aussi beaucoup, avec un sadisme qu'a Soderbergh de laisser tourner une scène jusqu'à plus soif. Certains s'en sortent bien, comme Catherine Keener. D'autres, comme Julia Roberts, ont l'air de peiner, jusqu'à une mise en abime stupéfiante où, elle joue une journaliste, elle quitte le champ de la caméra en soufflant !
On y retrouve aussi David Duchovny dans un rôle proche de ce qu'il fera dans la série Californication, à savoir un type qui aime le sexe, jusqu'à payer une masseuse pour le soulager d'une érection.
Il y a aussi le plaisir de voir certains caméos, dont des habitués de Soderbergh ; on y croise Terrence Stamp, Jerry Weintraub (producteur des Ocean's), et un passage assez drôle où Brad Pitt, sous la direction de David Fincher, joue une scène de poursuite de deux façons, crue et tout publics !

Le film est tourné à la fois en numérique, et c'est assez moche, et en 35 mm lors des scènes de film qu'on voit. Là aussi, j'y vois comme un banc d'essai pour d'autres films.
De plus, Soderbergh utilise un vieux truc à la Godard, à savoir couper dans les plans pour donner plus d'intensité aux scènes. Quant à la musique, elle est quasiment absente, dans un but très dogmatique, je dirais.

L'affiche française est mensongère dans le sens où on ne voit pas Hollywood sous un jour nouveau (ça a déjà fait, ne serait-ce que par Blake Edwards, S.O.B.). C'est plus le concept du film qui est attirant et de voir à partir de ces contingences, ce qu'il devient.
Soderbergh reviendra à ces films expérimentaux avec Bubble et Girlfriend Experience, sortes de récréation entre deux films plus ambitieux.
Boubakar
6
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le 22 sept. 2013

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Boubakar

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