Pour des raisons insondables, je continue à explorer la filmographie des débuts de Jacqueline Bisset.. et je découvre encore des pépites oubliées, négligées ou perdues.
The Sweet Ride en fait partie, même s'il faut bien reconnaître qu'il est plein de défauts. Commençons par ceux-ci: un montage cahoteux, une mise en scène assez plate, un scénario pas très clair.. bref, on est presque dans un film expérimental, un peu comme si ses créateurs avaient hésité une fois le tournage lancé. C'était courageux mais fatalement casse-gueule.
Passons aux qualités. Il y en a.
Michael Sarrazin et Jacqueline Bisset jouaient là tous les deux un de leur premiers rôles et ils furent remarqués pour cela. En amoureux improbables et aveugles à la situation personnelle de l'autre (elle est actrice, sous la coupe de son producteur; lui est un paumé qui se cherche), ils sont crédibles et attachants sans jamais verser dans le gnan-gnan.
Tony Franciosa, quant à lui, dans le rôle du prof de tennis éternel adolescent qui aime bien fréquenter les jeunes "parce qu'ils sont plus marrants que les vieux", est incroyable de sincérité joviale insouciante et irresponsable. Ses scènes de réveil après cuite mériteraient de figurer dans une anthologie. Il reste, à ce jour, un des acteurs les plus sous-cotés du cinéma US.
Mais ce qui frappe le plus, c'est la cruauté du scénario; car dès le début, le corps de Vicky Cartwright (Jacqueline Bisset) est jeté sur une route, laissée pour morte. On apprend ensuite qu'elle a été battue et violée. Les protagonistes (les trois paumés et un flic usé/désabusé) tentent de reconstituer ce qui s'est passé, jusqu'à l'évidente conclusion.
Comme l'a dit lui-même son scénariste Tom Mankiewicz, le film essaie de mêler plusieurs genres à la fois; ce qui, pour réussir, aurait nécessité plus d'ambition et de moyens. Il faut pourtant reconnaître qu'il fallait du courage pour aborder dans un film hollywoodien le problème de la domination masculine.. des producteurs/prédateurs hollywoodiens. Faut-il chercher plus loin les causes de son insuccès?
Bref, un film à découvrir et à réhabiliter, avec ses défauts, qui ne sont à vrai dire, pas pires que ceux d'Easy Rider ou de Dirty Mary, Crazy Larry ou de Drive, he said et de tant d'autres films de la période 65/77 qui ne se privaient pas d'expérimenter au lieu de complaire à tout prix. (Je vous laisse deviner quel événement cinématographique survenu en 1977 a changé la donne.)