Perpétuant sa vision de la corruption - ici celle de l'Homme par la guerre - David Ayer livre avec FURY ses meilleures cartes dans une épopée meurtrière dopée à l'adrénaline, au désespoir, aux cadavres déchiquetés. Les limites du cadre forment un rectangle en métal blindé, un tank obscur dans lequel on s'attache rapidement aux habitants, quintet bad-ass et crasseux aux profils extrêmes, communiquant par l'incivilité et l'affliction. On en vient à regretter la présence du jeune bleu Norman, découvrant les épreuves de la guerre pour mieux guider le spectateur dans ce chaos, son manque de charisme jonglant avec ses quelques lourdeurs dans le récit. Qu'importe cette mine, FURY impose son terrible cri funeste et bestial à travers de nombreux moments forts, surplombés par le symbole fantôme du tank, futile invincibilité. La réalisation fluctuante et spectrale d'Ayer accompagnée des murmures insidieux de la bande son enterrent alors les idéaux pacifistes face à l'Histoire violente, une contamination ensanglantée et boueuse qui serre progressivement notre gorge vers un ultime combat éperdument intense. Une excellente surprise.