Les gangsters décomplexés
Après s’être fait remarqué par un Bienvenue à Zombieland jouissif et assumé, qui donnait la part belle au fun et aux situations coquasses, Ruben Fleisher s’est ensuite attelé à un 30 Minutes Maximum franchement moyen voire limite sur certains points. Un film ras du pantalon qui nous donnait donc un peu trop le sentiment que sa première réussite était un coup de bol. Ici avec Gangster Squad le registre change totalement, mais le côté jubilatoire reste.
Totalement assumé et ce dès sa première séquence, le film indique clairement sa volonté de ne pas proposer un énième film de gangsters réaliste et respectant au pied de la lettre les faits cités dans les archives. Nous sommes en face d’un pur produit de divertissement. C’est bien là peut-être le souci et la réussite conjointe car au final beaucoup attendait du sérieux, dans la veine d’un grand film de l’époque. On se retrouve finalement devant un produit très classique aussi bien dans sa forme que dans son fond, Faisant irrémédiablement penser aux Incorruptibles, le film n’en est pas moins déplaisant car Fleisher arrive à poser sa patte et propose un côté volontairement léger et bon enfant. Avec ses décors aux teintes 60′s sans fioritures et sa photo patinée, le film nous mets tout de suite dans l’ambiance.
En particulier grâce à Josh Brolin et son personnage de justicier intègre qui part défendre la veuve et l’orphelin en coupant quelques mains au passage. Gangster Squad est volontairement gore et le fait que cette approche soit assumée le rend jouissif. On attend chaque gunfight fébrile en espérant voir toujours plus de sang ou d’exécutions massives. D’autant plus que les différents héros savent rester classe et prennent un sacré plaisir à défourailler sur la racaille de Los Angeles. Le point noir dans tout ce beau monde reste Sean Penn qui se retrouve la plupart du temps en roue libre, forçant parfois beaucoup trop le trait, et se transformant du coup en singe qui fait des grimaces. Un peu comme Phillipe Caubère mais en version américaine. N’oublions pas non plus le côté glamour grâce à un Ryan Gosling charmeur et une Emma Stone plus en forme que dans le misérable Amazing Spider-Man.
L’erreur est donc de prendre Gangster Squad au pied de la lettre et pour le renouveau du film de gangster. A trop vouloir en attendre, on restera forcément déçu car la volonté n’est pas ici de révolutionner le genre mais de proposer avant tout un divertissement jubilatoire et sanglant dans le Los Angeles des Sixties. Les personnages sont communs au possible, tout comme l’est la structure du scénario qui à déjà été vu cent fois. C’est dans ses scènes d’action, son côté léger et coloré, et surtout classieux, que Fleisher impose son style et nous flatte régulièrement la rétine avec quelques bonnes idées de mise en scène, notamment ce très joli raccord headshot/steak qui cuit sur le barbecue.
Bref Gangster Squad est le parfait film de divertissement entre copains, bien réalisé et qui ne cherche pas à faire plus que ce qu’on lui demande de faire. Avec son côté glamour, son casting quatre étoiles et sa violence assumée, le film est jubilatoire du début à la fin, servi par un montage réussi et une mise en scène fraiche. Pas de quoi marquer les esprits mais suffisamment pour vous laisser le sourire aux lèvres après la sortie de la séance.