Aspiration à la procréation de l'intelligence artificielle

En surfant à la confluence de plusieurs vagues, celle du succès de "2001" pour la partie SF ayant trait à la science-fiction et celle de la pléthore de films d'horreur impliquant des machines (voire même des invasions extérieures dans le registre de "Le Mystère Andromède"), "Génération Proteus" aka "Demon Seed" parvient tout de même à ne pas sombrer dans la redite en choisissant une voie particulièrement originale. Ce n'est pas une proposition révolutionnaire de cinéma mais c'est une série B ambitieuse qui aborde la thématique de l'IA de front et qui va jusqu'au bout de ses idées... pas très orthodoxes.


Il faut tout d'abord passer par l'incontournable contextualisation pseudo-scientifique, qui comme souvent s'avère pénible et ennuyeuse, nous montrant un génie (ici en informatique) ayant réussi à construire une machine fantastique, en l'occurrence l'ordinateur le plus puissant du monde. Rien d'éliminatoire cependant pour qui apprécie les ambiances 70s, pas de grande manifestation d'un mauvais goût suranné. Le premier sursaut curieux dans la routine SF intervient quand la machine refuse poliment de se soumettre aux injonctions des humains, lorsqu'on lui demande de commencer à travailler sur l'extraction de minerais dans les océans — chose que le super-ordi refuse de faire pour préserver la biodiversité marine contre l'orgueil de l'être humain.


Ce début d'opposition n'est pas fondamentalement novateur en soi, par contre c'est la seconde moitié du film qui devient vraiment très singulière, lorsqu’il fait prisonnière l'épouse du scientifique sous prétexte d'étudier la biologie humaine... et surtout pour procréer. Le schéma SF a beau être classique, l'intelligence artificielle cherchant à s'aménager de plus en plus d'autonomie, mais il vire subitement vers l'horreur en la concentrant sur la personne de Julie Christie, dans un changement de direction difficilement prévisible. Il sera question d'insémination on ne peut plus artificielle, sans en faire trop dans le registre philosophico-existentiel, et avec des constructions artificielles vraiment... étonnantes.


http://je-mattarde.com/index.php?post/Generation-Proteus-de-Donald-Cammell-1977

Créée

le 27 sept. 2020

Critique lue 194 fois

2 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 194 fois

2

D'autres avis sur Génération Proteus

Génération Proteus
etiosoko
8

Darwinisme informatique

Un génie en informatique crée un superordinateur organique, dit Proteus, pourvu de la somme de toute la connaissance humaine et d’un incomparable nombre de circuits et de possibilités, y compris...

le 16 juin 2022

13 j'aime

1

Génération Proteus
Quantiflex
7

La domotique c'est lubrique

Pendant les vacances, je regarde des films légers . L'ordinateur en charge du fonctionnement d' une maison ( un collègue de travail de HAL 9000 sans doute) se met à n'en faire qu'à sa tête, échappe à...

le 15 août 2011

11 j'aime

3

Génération Proteus
AMCHI
7

Vieilli mais toujours bien

Génération Proteus est l'adaptation cinématographique de La semence du démon un très bon bouquin d'horreur de Dean Koontz (écrivain prolifique qui a écrit de nombreux livres d'épouvante souvent...

le 21 oct. 2017

3 j'aime

2

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

143 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11