Paging Mr. Corbett, paging Mr. Corbett

Jeune employé de banque, James Corbett rêve d'ascension. Celle-ci passera par la boxe, en se riant au passage des turpitudes d'une bande de nouveaux riches, qui, quelques temps plus tôt, avaient encore le cul dans la terre.
On dirait aujourd'hui qu'il les trolle d'une manière si superbe et majestueuse que Gentleman Jim devrait être le film de chevet d'un bon nombre d'apprentis. Les réactions de plus en plus jalouses, de plus en plus mesquines auxquelles Jim fait face avec détachement, brio et morve, en faisant devenir fous les pauvres qui le défient, sont un régal. Car s'ils n'ont pas le courage de le défier en personne, ils se trouvent toujours une âme damnée qui leur sert de bras armé, avant de devenir chair à canon.


La mise en scène est claire avec une magnifique reconstitution de San Francisco et donne la part belle aux superbes scènes de foule qui parsèment le film. On a droit également à de magnifiques passages lorsque Jim rejoint sa famille, les classiques repas, les non moins classiques disputes et le plus original pugilat qui les suit. Belles scènes de gymnase, de réveil d'une nuit arrosée et magnifiques caleçons longs intégraux.

Les combats de boxe sont vifs, passionnants, beaux tout en gardant un côté brutal sans jamais avoir recours à la surenchère. Il n'y a que lors du dernier combat que l'ensemble fait un peu trop sage, un peu plus de folie eût été bienvenue.
L'interprétation est grandiose, Errol Flynn captive du début à la fin que ce soit dans le registre du grand escogriffe ou lors de son émouvant échange avec John L. Sullivan, joué par Ward Bond.

Pour en revenir à l'ascension de Jim, si vous n'avez pas vu le film, il est conseillé de ne pas lire la suite de cette critique.




Cette ascension est bien illustrée dans son rapport tout le long du film au boxeur John L. Sullivan.
A leur première rencontre, Sullivan ne le remarque même pas, trop occupé par ses admirateurs en particulier ceux du beau sexe. Jim devient fou de rage lorsque son amie va tâter le puissant biceps du boxeur à moustache. Jim n'est alors qu'un avorton inexistant, puis au fur et à mesure de ses victoires il prend du grade.
Il pose ainsi devant une photo de Sullivan, en prenant position les deux poings en avant par mimétisme avec celle du champion. Il lui est encore inférieur, la photo est posée plus haute que Jim, il ne sont donc pas au même niveau, à tous les sens du terme.
Puis, un peu plus tard, il le rencontre enfin au cours d'une superbe scène durant laquelle Jim applique sa fameuse spécialité, celle de faire sortir de ses gonds n'importe quel homme. Alors que Sullivan n'avait aucune intention d'affronter "James J. Corbett himself", il accepte. Les deux hommes sont alors égaux, sur le même plan.
L'issue du combat consacre Jim, qui devient donc le nouveau champion. Devenu supérieur à Sullivan, il lui révèle dans le premier moment d'humilité qui le frappe qu'il a toujours eu un respect immense pour Sullivan.

raisin_ver
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le 9 juil. 2011

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raisin_ver

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