Gerry
6.7
Gerry

Film de Gus Van Sant (2002)

Gerry et Gerry, deux amis, quittent leur voiture à l’entrée du désert pour partir explorer et respirer l’air pur des plaines vierges. Quelques kilomètres plus tard, sans réellement savoir ni où ils sont ni comment ils y sont arrivés, ils rebroussent chemin et tentent de retrouver la route du retour.

La simple promenade n’en finit plus et à mesure qu’avance le film, le spectateur commence à perdre espoir, tout comme les deux personnages. Totalement immergé, on n’a d’autre choix que de se prendre au jeu et de chercher indéfiniment une solution, une issu improbable.

Gus Van Sant n'hésite pas à poser sa caméra pour nous laisser admirer le paysage magnifique où errent les deux personnages. Plans fixes aux couleurs arides et chaudes, larges panoramiques sur une nature vierge de toutes civilisations, il insuffle ainsi à son film un rythme très lent, propice à la contemplation, à la description de ses personnages et de leurs sensations.

Choisissant un minimalisme d’une justesse quasi documentaire plutôt que de tomber dans l’émotion gratuite, il parvient alors à retranscrire l’ambiance original et à faire ressentir au spectateur cette immensité constamment opposée à la solitude effrayante. Quelques rares plans s’autorisent le luxe d’une musique lunaire, totalement hors du temps et du commun qui vient alors transformer l’attente et le désespoir en un magnifique et tragique point d’orgue interminable.

Le spectateur est alors happé par cette histoire et par ces personnages dont il n’apprendra rien d’autre que leur présent. D’une simplicité et d’une justesse rare, les deux stars d’Hollywood nous offre à l’écran une face jusque là inconnue de leur jeu et prouvent alors qu’un bon acteur n’est bon que lorsqu’il est bien dirigé.

Au final, Gus Van Sant nous offre une des plus belle leçon de cinéma. Une caméra, deux acteurs, un décor naturel lui suffit pour nous raconter une magnifique histoire. Dépouillé à l’essentiel, son film dépeint alors des sensations rares, si fortes et pourtant si simple. On est ici plongé aux plus profond de l’âme humaine, face au désespoir, à la peur, à l’amitié inconditionnel… Avec le strict minimum et le plus grand génie, Gus Van Sant nous inflige donc une claque monumentale et incomparable quelque part entre Into The Wild et La Route. On en ressort sans voix, ému et choqué.
SlimGus
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes On the road again et No More Space In My head

Créée

le 1 nov. 2012

Critique lue 263 fois

1 j'aime

Gaylord G

Écrit par

Critique lue 263 fois

1

D'autres avis sur Gerry

Gerry
takeshi29
10

LE cinéma

"Gerry" est de ces très rares films qui ne s'expliquent pas. Il suffit d'accepter de marcher avec ces deux personnages, de se laisser guider par un réalisateur en apesanteur, et vous vivrez un moment...

le 20 août 2011

57 j'aime

4

Gerry
facaw
1

NON.

Le pitch me parlait bien. Le casting également. Pourtant il s'agit du film le plus ennuyeux, le plus mou que j'ai jamais vu de toute ma vie. Pourtant, même si le site pouvait nous accorder le zéro,...

le 27 sept. 2012

39 j'aime

12

Gerry
KanedaShotaro
10

L’odyssée de(s) Gerry

Premier film de la tétralogie Van Santienne de la mort (Gerry, Elephant, Last Days, Paranoid Park), Gerry est un vrai manifeste aussi bien cinématographique qu’artistique. L’épuration de la mise en...

le 10 sept. 2013

38 j'aime

Du même critique

Where the Buffalo Roam
SlimGus
9

Critique de Where the Buffalo Roam par Gaylord G

Véritable ancêtre de Las Vegas Parano, les deux films étant des récit biographique du Dr Hunter Thompson, c’est donc avec une certaine appréhension et une grande impatience que j’ai regardé ce film...

le 1 nov. 2012

8 j'aime

Candy
SlimGus
7

Critique de Candy par Gaylord G

L’univers de la drogue est très fortement représenté au cinéma (enfin du moins quand on approfondi ses recherches), vous avez les comédies Américaines débiles mettant en scène des junkies (Puff,...

le 1 nov. 2012

8 j'aime

2

Bad Boy Bubby
SlimGus
10

Critique de Bad Boy Bubby par Gaylord G

Bubby est isolé du monde extérieur depuis sa naissance. 35 ans, enfermé dans une cave avec pour seul compagnons sa mère qui le bas et le séquestre et son chat qu’il martyrise par simple distraction...

le 1 nov. 2012

8 j'aime

1