Après le succès rencontré avec La Couleur des Sentiments, son second long-métrage en tant que réalisateur, Tate Taylor s'attaque ici à un projet autrement plus délicat à mettre en place, un biopic sur l'un des plus grands artistes du vingtième siècle, le Parrain de la Soul, James Brown en personne. Quitte à parler d'un musicien, autant parler de celui qui deviendra l'une des plus grandes influences des artistes passés ou présents, de Michael Jackson à Eminem, par exemple. C'est d'ailleurs après avoir produit 8 Miles, autre film de genre centré sur ce dernier, que le producteur Brian Grazer eut l'idée de lancer le projet.

Il faut dire que l'absence d'un film autour de la vie de James Brown est assez inexplicable, surtout quand on sait que des artistes comme Curtis « 50 Cent » Jackson y ont eu droit. L'oubli se devait d'être réparé, et il l'est avec la manière. On le sait, dans les biopics, tout se joue souvent sur l'acteur principal. Jamie Foxx peut en témoigner, lui qui avait gagné un oscar pour son interprétation d'une autre légende de la musique, Ray Charles. Et, avec Chadwick Boseman, Taylor a décroché le gros lot. Si on peut lui reprocher de cabotiner à tout va, cela colle tout de même parfaitement au personnage, à ses excès et à sa présence magnétique.

Le réalisateur ne s'y trompe pas, et met son comédien au centre de l'écran. Après tout, Get on Up est un film sur James Brown. Du coup, ce dernier se retrouve de tous les plans ou presque, la réalisation tournant autour de son personnage. La prestation de Boseman, qui se retrouve de toutes les scènes pendant près de deux heures, en est d'autant plus impressionnante. C'est d'ailleurs lors des scènes de concerts que son charisme et son jeu de scène sont le mieux mis en valeur. Impossible de ne pas se trémousser sur son siège face à l’énergie émanant de ces séquences.

La volonté de Taylor, annoncée dans son titre Une Épopée Américaine, est de faire de Brown un témoin de son époque, lui qui a traversé sept décennies, depuis la ségrégation jusqu'au vingtième siècle en passant par les années 60, le Viet-Nâm et Martin Luther King. Malheureusement, cette idée reste seulement effleurée par moments, sans vraiment être développée. On se retrouve finalement avec un scénario classique, bâti autour de flashbacks et forwards mettant en scène les moments-clés de la vie de James Brown, de son enfance misérable en Géorgie jusqu'à son déclin et sa résurrection par la scène dans la fin des années 80. Ce qui suffit tout de même amplement à passionner le spectateur pendant ces deux heures vingt électriques.

On ne boudera d'ailleurs pas son plaisir tant le film parvient à montrer toute la force de James Brown, sans éluder les côtés moins reluisants de l'artiste comme sa mégalomanie grandissante et son ego démesuré. Il évite ainsi l'écueil de la complaisance dans lequel ont pu tomber d'autres biopics comme La Dame de Fer. Et la bande-son, bien entendu, se montre à la hauteur de son créateur. Un vrai bon film habité, qui enchantera les fans du Parrain de la soul comme les néophytes.
Hyunkel
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le 30 sept. 2014

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