J'ai mis de la ouate sur mes yeux

Une séquence d'ouverture prometteuse, et une bande-son éclectique (quoiqu'un peu maladroite dans son assemblage) faisaient grandir dans mon esprit un grand espoir. Mais peu à peu, au fil des premières minutes de l'intrigue principale, cet espoir diminua progressivement ; d'abord par des dialogues de série AB3, ensuite par un jeu d'acteur pour le moins forcé. Je ne perdis cependant pas cette fougue introductive jusqu'à... ce scénario sans sens. Qu'on ne s'y trompe pas, Get out abuse de ce communautarisme ultra-présent dans le cinéma américain que nous, Européens, avons du mal à saisir puisque cette question est encore toute fraîche dans nos têtes. D'ailleurs, cette fausse conscientisation nous vient tout droit ... du pays de la télé-réalité et du massacre. En effet, nous avons souvent tort de nous identifier aux thèmes outre-Atlantique; nous n'avons pas la même histoire, nous ne percevons pas ce clivage mis en place par l'Etat américain lui-même. C'est mon reproche principal: rien ne me parait crédible, tant dans la forme que dans le fond. Car là où Get out se veut être un dénonciateur du racisme, il ne fait au contraire que l'aggraver par des échanges verbaux ridicules. Quant à ce twist dont certains se gaussent déjà à tel point qu'ils se marieront avec la jaquette du long, il arrive comme Donald Trump dans un salon littéraire: c'est gros, très gros. Je ne parlerai pas de la performance des seconds rôles, je suffoque à l'idée de m'auto-flageller. Je pratique également la technique de l'impasse par rapport aux ficelles: de la ouate, et notre chère victime s'en tire. Le pire dans tout cela est qu'il y'aura des pseudo-cinéphiles criant au cinéma engagé qui se pourvoieront d'une petite nomination aux Oscars. Je crois qu'il convient de ne plus regarder ce vieux pays comme une source infinie de création, mais bien de lui donner quelques leçons de cinéma.