Goldeneye, c'est mon premier James Bond (en tout cas, le premier dont je me souvienne vraiment). Mon premier contact donc avec cet espion britannique qui a plus de gadgets sur lui qu'un couteau suisse et qui demeure impeccablement coiffé en toute situation.
En fait, je me demande même si ce n'est pas ça que je préfère le plus dans ce film. Cette surenchère sur cet aspect toujours bien propre sur lui de l'agent de Sa Majesté. Le gars file à toute allure à travers Moscou à bord d'un char d'assaut, en réduisant allègrement en bouillie poussiéreuse les murs qui croisent sa route, mais son costume demeure absolument nickel. L'homme se contente de resserrer son nœud de cravate après avoir vérifié qu'il n'a pas trop rayé la peinture, puis repart comme si de rien n'était vers sa destination. C'est absurde à souhait, j'adore !
Ca, plus les personnages qui gravitent autour du héros. D'abord ce duo de méchants : Alec Trevelyan et Xena Onatopp, le premier aussi calme que l'autre est névrosée, les deux enchaînant les massacres le sourire aux lèvres. Mention spéciale pour Alec d'ailleurs (Sean Bean, parfait) : traître au MI-6, toujours dans l'ombre de Bond, mais qui en veut avant tout à l'Angleterre pour la façon dont elle a traité son peuple d'origine (oui, le monsieur n'est pas anglais). Le personnage ne court pas spécialement après l'argent ou des plans ultra-secrets. Non.
Son but n'est rien de plus simple que de renvoyer l'empire de la Reine à l'âge de pierre (tiens, c'est marrant, ça me rappelle le méchant de Die Hard 4, le casse de banque en moins).
Parmi les gentils, on notera la nécessaire James Bond girl. Pas la plus séduisante de la série, mais une forte tête qui perd tout du jour au lendemain, sauf sa hargne. Et mon préféré, le regretté Q qui s'amuse follement avec tous ses gadgets plus ou moins explosifs, naviguant dans un espace où les fauteuils roulant cachent des fusils et les cabines téléphoniques, des airbags géants. Ce vieil homme qui traite Bond comme un gamin alors qu'il est sûrement celui des deux qui a l'âge mental le plus faible. Et puis cette réplique culte : "Ne touchez pas à ça !!!... C'est mon déjeuner.", qui me fera toujours marrer.
Puis nous avons tous les intermédiaires : Valentin, boiteux et marié à une chanteuse de piètre talent ; Boris, ridicule informaticien au goût vestimentaire douteux, et puis Ourumov, général collet-monté qui se fait gentiment dépasser par les évènements. A noter la présence - fugace, certes - de Tchéky Karyo, en ministre de la défense russe qui réussit à paraître aussi louche qu'honnête. Je n'aborderai même pas Pierce Brosnan lui-même, qui campe à merveille cet anglais stoïque en toute circonstance.
Et puis que dire de la musique ? Plus particulièrement ce générique chanté par une Tina Turner au sommet de son art, toute en sensualité et puissance. Le reste souligne adéquatement l'ambiance quelque peu froide de l'œuvre. Les dialogues, ciselés, sont également très bons. On assiste, tout au long du film, à ce duel entre les deux agents secrets, anciens frères d'armes, qui ne se font clairement pas de cadeaux - Alec restant le plus mordant des deux.
Bref, un film qui doit être vu, et qui peut être revu à profusion sans se lasser.