Depuis le début de sa carrière il y a déjà plus de vingt ans, David Fincher s'est créé une place à part au panthéon des réalisateurs américains. Manieur d'images iconoclaste, son nom suffit à attiser la curiosité chez les cinéphiles du monde entier. Alors, lorsqu'il s'associe à une écrivain de la qualité de Gillian Flynn, dont les romans sombres à l'univers glauque et réaliste ont glacé le sang de millions de lecteurs, on est en droit de s'attendre au meilleur.

Les adaptations, Fincher connaît bien. On a tendance à l'oublier, mais Fight Club était, à la base, un roman de Chuck Palahniuk. Et son dernier film n'était autre que sa vision du premier tome de Millenium. Gone Girl est un challenge bien plus compliqué à mettre en scène. Ceux qui ont lu le roman, construit sous la forme d'une alternance de points de vue, dont une moitié à la manière d'un journal intime, pouvaient douter de le voir adapté un jour, tant il semblait compliqué d'en faire un ensemble cohérent et cinématographique. En l'occurrence, Fincher a pu compter sur l'aide de Gillian Flynn, qui a elle-même rédigé le scénario.

Une bonne chose, puisque l'on retrouve le mordant de ses dialogues prononcé par un casting de très haute volée. Le couple Ben Affleck-Rosamund Pike fonctionne parfaitement, et cette dernière rentre parfaitement dans le rôle pourtant compliqué d'Amy Dunne, la fille disparue du titre. La réalisation de Fincher est également de très bonne facture, et les fans du metteur en scène seront en terrain familier, tant l'on retrouve son style caractéristique dans chaque plan, dans chaque mouvement de caméra calculé à la perfection. Alors, encore une victoire pour le roi David ?

Pas vraiment, en fait. Sans surprises, Fincher suit à la lettre le scénario de Flynn, qui suit elle-même précisément le déroulement de son roman. Le problème, c'est qu'il ne rajoute rien à cette histoire, se contentant de faire le travail de façon presque mécanique, sans y insuffler un supplément d'âme. L'histoire satisfera donc les amateurs de polars sombres et tendus, aux retournements de situations multiples. Les fans du roman retrouveront l'ambiance glaciale et le machiavélisme du matériau originel. Mais il manque quelque chose, ce petit plus qui avait fait de The Game, par exemple, un monument de la manipulation.

Gone Girl est un bon film. Véritable plongée dans l'esprit dérangé d'un psychopathe, il surprendra les non initiés et ravira les amoureux du style si particulier de Gillian Flynn. Malheureusement, le soufflé a tendance à retomber, et on finit par assister aux événements avec un détachement clinique, auquel ne nous avait pas habitué le réalisateur. Si Gone Girl est un très bon thriller, glaçant et bien réalisé, il ne restera pas dans les annale comme le meilleur Fincher.
Hyunkel
7
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le 3 oct. 2014

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