On lit souvent de Clint Eastwood qu'il réussit avec brio dans les registres les plus inattendus, là où on ne l'attend pas. Avec Gran Torino, le succès vient précisément de là où on l'attend, avec un film centré sur la caricature de lui-même : Walt Kowalski, vieux réac conservateur, raciste, masculin à l'excès, féru d'armes et de bagnoles, représente cette Amérique d'avant, qui vient de réaliser que le monde avait changé.
Walt Kowalski est en deuil de sa femme, mais surtout de lui-même, de cette vie qu'il n'a pas franchement su vivre, fermé sur lui-même, endurci par une vie sans rédemption possible.
Son coeur et ses valeurs n'étant pas totalement desséchés, il peut s'inquiéter face au mauvais sort qui menace ses voisins, au sein de cette ville qu'il ne reconnait plus.


Walt, Clint, c'est pareil. Dans le film, ce vieux con n'est pas une personne mauvaise : si ses pensées ou ses paroles le sont souvent, ses actes ne le sont pas.
Sobre et réaliste, le film dit et montre avec un bel équilibre dépourvu de faux-semblants tout en restant pudique.


Les questions de la vie et de la mort, de la jeunesse et de la vieillesse, sont explicitement posées dans le film. Ce n'est pas un hasard, et cela nous rappelle à tous la chance immense qu'un réalisateur aussi talentueux vive assez longtemps pour transmettre, par son art, des points de vue trop rarement perçus à la première personne.

windblowser
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 19 mai 2020

Critique lue 301 fois

windblowser

Écrit par

Critique lue 301 fois

D'autres avis sur Gran Torino

Gran Torino
SBoisse
10

Ma vie avec Clint

Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...

le 14 oct. 2016

125 j'aime

31

Gran Torino
-Marc-
9

Rédemption

Walt Kowalsky est un retraité bougon des usines Ford, profondément marqué par les horreurs qu'il a vues et commises lors de la guerre de Corée. Après avoir enterré la femme de sa vie, il se replie...

le 30 nov. 2015

98 j'aime

22

Gran Torino
2goldfish
3

Comme Karaté Kid, mais à l'envers

Un jeune Hmong persécuté par un gang violent va apprendre auprès d'un vieil américain raciste à se comporter comme un vieil américain raciste. Ça l'aide à faire violer sa soeur. Le vieil américain...

le 29 sept. 2010

81 j'aime

31

Du même critique

Dos
windblowser
4

Nus ne descendant pas d'escalier

Un huis clos avec des inconnus apeurés subissant une sorte de torture psychologique liée à une situation dont ils ignorent tout - ici doublée d'une contrainte physique (ils sont cousus, oui, oui) -...

le 11 déc. 2021

5 j'aime

3

Malasaña 32
windblowser
4

Appar(t)em(m)ent hanté.

Madrid, les années 70. Dans l'Espagne encore traditionnelle, on est pas franchement "fête des voisins". Par conséquent, si vous emménagez dans un appartement sombre, vieux et qui vous cause de gros...

le 5 août 2021

2 j'aime

Alfred J. Kwak
windblowser
8

Quelque chose d'atypique

Au milieu de la profusion de dessins animés des années 1980, Alfred J. Kwak est sans doute l'un des moins connus, et fut peu rediffusé. Je ne l'ai vu qu'une seule fois, et ma critique est donc faite...

le 15 mai 2020

2 j'aime