Déjà, rien qu'au générique tu sais que ce film va te prendre la tête dans de très larges proportions. Une animation rétro en dessin animé façon panthère rose avec la musique d'On a tout essayé de Laurent Ruquier, le truc semble précisément écrit pour te vriller le cerveau une partie de la nuit.
Tim Roth - que j'aime et que j'admire par ailleurs, ce n'est pas la question - incarne un groom "Tex Averien", entendez par là qu'il repousse les limites humaines du cabotinage, au péril de sa carrière et ce n'est même pas de sa faute puisqu'il a été dirigé comme ça : "tu vas faire Pee Wee Herman et Jerry Lewis EN MÊME TEMPS. Allez, démerde toi avec ça !", semble être la seule consigne reçue.
Chaque passage à l'écran de Mister Orange est une souffrance. Une succession de gros plans où le pauvre est dans l'obligation d'en faire des caisses. Le projet déconnant de film à sketchs à l'ancienne, entre potes, un peu naïf et subversif en même temps est souvent clivant. Si c'est un hommage à Casino Royale, alors c'est une réussite. Parce que c'est aussi pénible que la croûte collégiale de 67. On est en revanche très loin des maîtres italiens.
Le second truc énervant est ce défilé de people toutes heureuses de jouer devant Tarantino alors au top de sa légende. Dans le premier sketch réalisé par Allison Anders, une poussive histoire de sorcières qui a du être chiée en 5 minutes entre deux lignes de coke sur une table en verre de Malibu. Madonna, Amanda de Cadenet, Valéria Golino & la sculpturale fille du chanteur Donovan pratiquent la messe noire la plus ridicule et inintéressante de l'histoire du cinéma. Un véritable plaidoyer pour le procès de Salem, qui vaudra au moins à Madonna une récompense cinématographique (un Razzie award de la pire actrice dans un second rôle).
Dans le second sketch, un banal quiproquo fait craindre le pire à notre groom qui fait désormais plus penser à Mickaël Youn dans Incontrôlable qu'à autre chose.
Le 3e sketch, celui de Robert Rodriguez, est à ma grande surprise le moins tarte. Avec Antonio Banderas en gangster mexicain qui laisse ses deux mômes sous la garde du groom. Qui vont faire absolument n'importe quoi. Alors ok, si on est objectif, ça vaut pas 3 minutes de la série Malcom, mais au regard du reste, Rodriguez passe pour un mélange entre Hitchcock et Franck Capra.
Dans le dernier sketch, Tarantino en roue libre semble se prendre pour Benoit Poelvoorde (celui de c'est arrivé près de chez vous) en orchestrant un pari bizarre. C'est bavard, vain et sans génie, malgré la caméra assez libre qui se balade et nous donne l'impression d'être un protagoniste. Et puis y a Jennifer Beals de Flash Dance qui déambule en peignoir. De bien maigres consolations quand on a adulé Pulp Fiction quelques mois avant.
Le constat est sans appel, après le succès planétaire mérité de son dernier film, Quentin en a trop pris. Il n'a pas les idées claires, et il ne sait pas trop quoi filmer. En revanche, il veut montrer qu'il n'oublie pas les copains moins talentueux. C'est certes une belle exposition qu'il leur offre en associant son nom à ce projet, sans prétention mais sans talent non plus. Mais c'est également un sale coup en traître à ses plus gros fans.